Les cours sont-ils rattrapables ? C'est la question posée aux syndicats mais aussi aux parents d'élèves. Mais d'abord l'avis d'un pédagogue. « Rattraper les cours est une tâche délicate pour ne pas dire impossible », rétorque, Mourad Chouguiat, inspecteur et pédagogue. Il explique que la question dépend avant tout des capacités, sur le plan psychologique, des élèves à suivre des cours ainsi que les conditions de travail mises à la disposition des enseignants. Pour lui, le mode opératoire suivi jusque-là, l'utilisation du samedi et du mardi après-midi ainsi que les vacances, ne « constitue » pas forcément « le meilleur choix », puisque cela « engendrerait » plus de « soucis » aux élèves qui vont, ainsi, se retrouver devant un emploi du temps « surchargé » et « insupportable ». C'est pourquoi, et au vu de la difficulté de la tâche, il a estimé qu'il est temps de travailler « sereinement » et faire en sorte de « réunir » toutes les conditions pour une année scolaire sans perturbation. Par la suite, « il faut passer à une autre étape, à savoir une réflexion approfondie pour débattre des mécanismes de rattrapage avec l'implication de tous les experts ». De leur côté, les parents d'élèves ont soutenu qu'il est « impossible » de rattraper les cours. Le président de la Fédération nationale des associations des parents d'élèves, Hadj Bachir Dellalou, a estimé que la grève a pris beaucoup de temps et qu'il est « impossible » de rattraper le retard. « C'est une catastrophe pour la scolarité de nos enfants », estime-t-il. Reste une seule solution pour le ministère : « la détermination du seuil des leçons que nous avons jusque-là combattue pour être supprimée », regrette-t-il. Même réflexion chez le président de l'Union nationale des associations des parents d'élèves (Unape), Khaled Ahmed, pour qui la mission de rattraper le temps perdu relève aussi de l'utopie. Selon lui, il ne faut pas compter sur la période des vacances pour rattraper les cours. « Nos élèves ont besoin de sérénité à la veille des examens. Il n'est pas question de les bourrer pas des cours », lâche-t-il. C'est pourquoi, il estime que la limitation du seuil du programme est le procédé le mieux indiqué afin de rassurer les élèves. Pour les syndicats, la réponse est partagée. Pour le secrétaire général du Conseil des lycées d'Algérie (CLA), Achour Idir, le rattrapage des cours est impossible. « On ne rattrape jamais le temps perdu », lance-t-il. Lui aussi n'est pas enthousiaste à l'idée d'organiser des cours durant la première semaine des vacances, encore moins pendant les jours de la semaine. Pour au moins deux raisons : emploi du temps chargé pour élèves et les enseignants et manque d'infrastructures pédagogiques. « La surcharge est partout. C'est peine perdue que de croire à une possibilité de rattraper le temps lors des vacances à moins qu'on fasse dans le bricolage », affirme-t-il. Et d'ajouter que le ministère va procéder à la limitation du seuil des cours. « Un mal nécessaire », juge-t-il. A quelques différences près, le chargé de communication du Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique(Cnapest), Messaoud Boudiba, abonde dans le même sens admettant que la tâche est « ardue ». Pourquoi ? « La période n'est pas favorable puisque cette fois-ci la grève intervient au milieu du deuxième trimestre. Il ne reste pas beaucoup de temps pour les examens de fin d'année. Les élèves ont besoin de plus de sérénité dans la préparation sans être encombrés par des cours de rattrapage alors qu'ils ont un emploi du temps déjà surchargé », souligne-t-il. Un avis que ne partage pas le coordinateur du Syndicat national autonomes des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest), Meziane Meriane, pour qui le rattrapage des cours reste possible. Sa recette : l'organisation des cours les samedis et mardis soir et durant la première semaine des vacances. « C'est difficile mais ça reste faisable. On l'avait fait en 2003 », rappelle-t-il.