Vous venez de publier, chez Dalimen, L'Amulette de Selma. S'agit-il de votre première aventure en littérature ? L'amulette de Selma est mon autre aventure littéraire. Je suis entré dans l'écriture avec un livre historique, romancé, sur la Guerre d'indépendance dans l'Ouarsenis. Après sa parution, beaucoup de lecteurs m'ont encouragé, disant attendre une autre production littéraire de ma part ; chose que je viens de faire avec, cette fois, avec un roman sociologique. Parlez-nous en... L'histoire qui est rapportée dans ce roman est celle d'une jeune bachelière soumise à l'autorité de son père, lui-même soumis à des us rétrogrades. Selma, l'héroïne, va vivre une tranche de vie sombre ; celle-ci ne sera plus qu'un triste souvenir pour elle, car elle rencontrera le bonheur ; grâce à l'amulette peut-être ; je laisse le lecteur seul juge. Pourquoi le nom de Selma et pas un autre ? Pourquoi ai-je choisi le prénom Selma ? Celui-ci vient de « salam » qui veut dire la paix ; hormis l'origine orientale, il a aussi une origine germanique qui signifie : protection divine. Les analystes trouvent que celles qui portent le prénom Selma ont un caractère bien trempé. Elles sont émotives et attachantes, mais peuvent, par leur courage, bousculer les traditions et l'ordre établi ; c'est bien l'héroïne de mon roman. S'agit-il d'un récit obéissant à la structure romanesque classique ou plutôt versé dans le nouveau roman ? Mon histoire obéit à une structure romanesque classique. L'amulette de Selma est un patchwork de faits souvent authentiques, suivant une succession logique, où l'intrigue est souvent présente. Celle-ci fonctionne selon le schéma de la narration, de son déclenchement jusqu'à sa résolution. Quels sont, entre autres, les messages que vous voulez transmettre à travers ce récit ? Le roman en question transmet deux messages. D'une part, il critique des tabous et la soumission de l'être humain à ce qui est anormal, voir injuste. Il attire l'attention du lecteur sur un aspect de la condition de la femme, toujours vivace dans notre pays. La situation sociale, politique et économique de la femme est le baromètre de la santé de toute société. D'autre part, il attire l'attention du lecteur sur le sort d'un métier de création, vieux de 5.000 ans, celui de forgeron. S'il venait à disparaître, on perdrait un peu de notre patrimoine et, partant, de notre âme. Parlez-nous un peu de vos références littéraires, surtout de vos idoles tant Algériens qu'étrangers, et dans quelle catégorie d'auteurs peut-on vous considérer... Parlant de mes références littéraires, je pense que je suis influencé par certaines œuvres de Mohamed Dib et d'Albert Camus. Une chose est certaine, je verse dans le roman réaliste. Quel regard portez-vous, aujourd'hui, sur la situation de la littérature algérienne ? Demeure-t-elle peu prolifique par rapport à celle observée dans d'autres pays ? Je pense que la littérature algérienne d'aujourd'hui se porte bien, surtout grâce à la consécration internationale de certains écrivains. Elle est appelée à connaître un épanouissement, dans les prochaines années, avec l'apparition de nouveaux talents. Mais, il ne faut pas perdre de vue qu'elle demeure peu prolifique ; elle rencontre des embûches et n'est pas encouragée, car elle doit plaire à certains et non à la société. Il ne faut pas s'étonner que des livres d'auteurs algériens soient publiés de l'autre côté de la Méditerranée. Après le manque d'encouragement, on passe maintenant aux menaces de mort. Il n'y a pas d'art et de littérature sans liberté. Ne pensez-vous pas que le fossé entre l'écrivain et la société n'a pas encore atteint le rapprochement tant souhaité de part et d'autre ? L'homme de lettres n'écrit pas pour lui, il le fait pour la société ; il y a un lien affectif entre les deux parties, malgré les obstacles multiformes pour empêcher leur rapprochement. Les Algériens lisent très peu. C'est un fait incontestable reconnu par tous. Que peut-on faire pour remettre au goût du jour la lecture, notamment à la nouvelle génération obsédée par les TIC ? Concernant la crise de la lecture en Algérie je dirai qu'il y a, d'abord, ceux qui lisent à moitié ; l'autre moitié suivra peut-être. Ce qui est grave, c'est l'absence totale de lecture chez une bonne partie de la jeunesse ; il est rare de voir un étudiant en train de lire un roman. L'école a failli à sa mission avec une légion d'enseignants qui eux-mêmes n'aiment pas lire. Des parents instruits sont aussi responsables de ce phénomène, car ils n'ont pas inculqué à leurs enfants l'amour de la lecture. Le dernier facteur, et pas des moindres qui impacte sur cette crise de la lecture, est le prix des livres. Certains d'entre-eux sont hors d'atteinte pour les petites bourses. Parlez-nous de vos futurs projets... En ce qui concerne mon prochain projet littéraire, je suis en train de peaufiner un nouveau roman sociologique ; mais, comme dirait Rudyard Kipling, ceci est une autre histoire.