La décision des autorités américaines d'établir une liste de pays dont les voyageurs qui y proviennent sont susceptibles de subir davantage de contrôles aux frontières avait suscité un tollé. Du Nigeria à Cuba, des pays avaient dénoncé cette mesure. L'Algérie ne fut pas en reste, jugeant celle-ci discriminatoire et attentatoire à sa souveraineté. Le sentiment de réprobation se doublait d'injustice. Notre ministre des Affaires étrangères et l'ambassadeur Bali n'avaient pas caché le courroux des autorités algériennes face à ce procédé inélégant. Les Américains à en croire la sous-secrétaire adjointe américaine chargée des Affaires du Proche-Orient au département d'Etat, veulent revenir à de meilleurs sentiments. Les propos de la diplomate US en visite à Alger sont d'apaisement. Tout semble indiquer que la mesure sera suspendue ou à tout le moins largement assouplie et dépouillée des procédés vexatoires. La première puissance engagée sur différents terrains de lutte contre un phénomène transnational n'avait nullement besoin de s'aliéner le soutien de différents partenaires. Comment un pays comme l'Algérie qui s'est fortement engagé dans cette lutte peut se voir ainsi rabaisser ? Comment pouvoir nourrir un quelconque soupçon à son égard et la ranger parmi les pays qui peu ou prou entretiennent une quelconque confusion sur le terrorisme ? Depuis des années, son éradication est en haut de l'échelle des priorités des autorités qui n'ont ménagé aucun effort pour en venir à bout. Les officiels US ne se privent pourtant jamais de rappeler cette contribution de notre pays pour faire face à ce fléau. Le terrorisme a été affaibli en Algérie et sa victoire aurait signifié davantage de problèmes pour ce front que cherchent à mettre en place les nations libres. Les Etats-Unis et l'Algérie sont deux partenaires qui n'ont pas entretenu des liens basés sur l'hypocrisie. Ils ont beau être vitaux et stratégiques sur le plan économique, il n'empêche pas de se dire des vérités. Des divergences existent notamment sur la manière de lutter contre le terrorisme au Sahel. Pour autant, les deux pays partagent la nécessité de contenir ce fléau. Le principe de la coopération sur cette question est partagé. Ce réalisme qui prend racine à Washington soulève d'ores et déjà une question. Que fera désormais Paris qui a désormais l'habitude d'évoluer aveuglement dans le sillage des Etats-Unis ? Elle sera presque contrainte à revenir aussi à de meilleurs sentiments vis-à-vis d'un pays que nul ne peut traiter avec morgue.