Le designer algérien, Abdelkader Abdi, expose actuellement à Paris, avec une quarantaine d'autres de ses pairs, parmi les plus «grosses pointures» du monde créatif, à l'occasion d'une exposition rétrospective «30 ans de création de mobilier». Cet ancien diplômé de l'Ecole des Beaux-Arts d'Alger en 1977, de l'Ecole d'architecture et de celle des Arts décoratifs de Paris en 1981, est parvenu à se tailler une place de choix dans cet univers très fermé auquel appartiennent les designers. «Il ne suffit pas de créer une fois un objet qui plaît pour disparaître ensuite. Le plus difficile est de durer», explique l'artiste. Abdelkader Abdi ne rompt pas avec son héritage ancestral et sa culture algérienne qu'il reproduit dans ses créations, tout en restant ouvert et sensible aux autres courants. «Les rencontres, les contacts et les échanges avec d'autres designers sont autant d'expériences et sources d'enrichissement pour moi», estime-t-il. Dans la salle des expositions du centre Georges-Pompidou, l'artiste expose une de ses œuvres, Houn, un meuble dont la conception est inspirée d'éléments puisés de la culture nationale. Le meuble est un cabinet dont les portes ont la forme des boucliers de guerriers touareg, les petites mosaïques évoquent les zelliges des maisons traditionnelles et les tons empruntés des murs peints à la chaux. Les critiques et les spécialistes parlent de «démarche ethnique» pour désigner le travail de l'artiste algérien. «Ce terme n'est pas péjoratif. Il a exprimé ce qui est le plus beau et le plus expressif d'une société et d'une culture. Ce terme a été utilisé dans le sens positif pour parler du travail de Pablo Picasso sur les masques africains», précise l'artiste. Lorsqu'on lui demande de définir son art, Abdelkader Abdi explique que le design est «un art de notre époque, qui s'inscrit dans notre quotidien, auquel il apporte une part de beauté et de poésie. Un art qui est en prise sur d'autres réalités, économiques et industrielles».