Toute une série de causes peu convaincantes est avancée dans les velléités de dérèglement des prix de ces deux produits. Malgré tous les démentis des pouvoirs publics quant à une éventuelle hausse du prix du pain, celle-ci serait réellement pratiquée par certains boulangers dans certains endroits du pays. Selon des informations émanant de sources syndicales proches du Comité national des boulangers, des hausses sensibles dans le prix de ce produit de première nécessité auraient été enregistrées, du fait d?une certaine anarchie dans la distribution de la farine de pain dans certaines wilayas, comme Tipaza, Tissemsilt, Tiaret, Béjaïa, Tizi Ouzou, Mostaganem et Aïn Témouchent. Le prix de la baguette de pain de 250 g aurait ainsi atteint, 11 et même 12 DA par endroits. Un prix déjà inscrit dans les revendications de la corporation des boulangers qui menace même de recourir à une grève dans les prochains jours. Les explications de ces hausses en forme de fait accompli seraient dues d?abord à l?augmentation conséquente du prix du blé tendre sur le marché mondial, au désengagement de ce créneau de plusieurs importateurs privés de cette matière et donc au non-approvisionnement de nombre de minoteries, notamment dans les régions éloignées des sites de stockage. Mais il n?y a pas que le pain qui se met sur une échelle montante de ses tarifs. La viande rouge (et parfois blanche) voit, elle aussi, ses prix monter en flèche, notamment à l?ouest du pays où le kilo d?agneau aurait déjà franchi le seuil des 950 DA, alors que le kilo de viande bovine n?est pas cédé à moins de 1 100 DA. Là, il semble que ce soient les maquignons qui font régner leur légendaire «loi des prix» à la place de celle du marché, aidés en cela par les multiples spéculateurs qui activent dans le commerce de ces produits. D?ailleurs, à la veille de l?Aïd El-Kébir, le consommateur a déjà eu comme avant-goût des difficultés de prix et de disponibilité du mouton sur le marché du fait de l?amplification artificielle de ces phénomènes de spéculation et de «trabendo» qui sévissent dans ce créneau. Pendant ce temps, les pouvoirs publics, qui viennent d?accorder quelques augmentations dans les salaires et traitements, notamment la revalorisation du Snmg (salaire minimum), observent avec impuissance, sinon avec des réactions très timides, ces phénomènes qui faussent volontairement les lois de l?économie de marché tant vantée. Serait-on entré dans la politique qui consiste à prendre de la main droite ce que l?on donne de la main gauche ?