Consensus Après les divergences affichées durant des mois concernant l?occupation de l?Irak, l?adoption de la résolution de l?ONU est venue à point nommé pour donner lieu à une belle unanimité des dirigeants du G8. L?ambiance était plutôt détendue, hier, à l?ouverture du sommet des huit pays les plus riches du monde après l?adoption de la quatrième version de la résolution américano-britannique pour la passation des pouvoirs aux Irakiens au plus tard le 30 juin prochain. Les participants ne tarissaient pas d?éloges sur cette résolution que les uns qualifiaient de grand pas vers la stabilisation de l?Irak alors que d?autres saluaient le retour, somme toute relatif, de l?ONU dans la gestion de cette crise. Les hauts responsables des grandes puissances sont même passés à autre chose au deuxième jour des travaux de ce sommet. Après le dîner de gala et les arrivées sur tapis rouge au son des hymnes nationaux, sous les ventilateurs de l'hôtel de luxe de Sea Island, petite île des côtes géorgiennes choisie par l'hôte George W. Bush, les dirigeants du Japon, de Grande-Bretagne, d'Allemagne, d'Italie, de France, du Canada et de la Russie ont passé en revue d?autres dossiers dont certains ont fait remonter les susceptibilités à la surface. Le président américain, pour qui le oui onusien est une victoire diplomatique, devait, néanmoins, faire face à un autre défi lié à son initiative de profondes réformes dans le monde arabe pour un Grand-Proche-Orient. Une initiative qui est loin de faire l?unanimité aussi bien chez les principaux concernés que chez certains pays du Vieux continent. L'Arabie saoudite et l'Egypte ne veulent même pas en entendre parler et ont d?ailleurs décliné l'invitation en signe de protestation contre ces projets de réformes imposées de l'extérieur. Le roi de Jordanie Abdallah II a, quant à lui, prévenu qu'il comptait bien expliquer à George W. Bush que les Arabes devaient rester maîtres de leur destin. Certains pays européens ont exprimé des réserves quant à ce projet. Les Russes se sont montrés récalcitrants, alors que les Français sont sceptiques rejoignant les Arabes sur le fait qu?ont ne pouvait imposer des réformes de l?extérieur. Autant dire que le locataire de la Maison-Blanche a gagné une bataille mais est loin d?avoir gagné la guerre. Cela d?autant plus que le spectre de la Palestine a également plané sur l?île de Sea Island. Une crise amplifiée par la politique répressive de Sharon. - C?est sans surprise que la résolution américano-britannique sur le transfert de souveraineté à l'Irak a été votée à l?unanimité hier au Conseil de sécurité de l'ONU. Ce vote a effacé les déchirements ayant entouré en 2003 la décision de Londres et Washington d'intervenir en Irak. Les deux capitales ont réussi à replacer le dossier irak à l?ONU après avoir longtemps fait cavaliers seuls. Mais rien ne dit que les alliés tiendront compte désormais de la légalité internationale. En effet, même si cette résolution accompagne le transfert du pouvoir aux Irakiens le 30 juin, détaillant les étapes devant conduire à l'organisation d'élections d'ici à janvier 2005 et les conditions dans lesquelles les troupes de la coalition resteront en Irak, les autorités irakiennes seront amputées de plusieurs pouvoirs qui seront toujours assumés par les forces d?occupation. Washington et Londres ont intégré lundi un nouvel ajout sur la question des relations entre le gouvernement irakien et la Force multinationale (FMN) maintenue après le 30 juin, jusqu'alors principale source de débat entre Etats membres. Plusieurs pays, dont la France, l'Allemagne, la Chine, la Russie, l'Algérie souhaitaient que la souveraineté irakienne soit entière, y compris en matière de sécurité.