Interrogation - Qui, parmi nous, n'a pas été affecté, lors d'un enterrement ou de la visite d'une tombe d'un proche, par l'état de délabrement de nos cimetières ? Totalement abandonnés, ces lieux de repos éternels sont, pour la plupart, ensevelis sous des déchets de toutes sortes et des herbes sauvages. La situation s'est davantage compliquée avec les enterrements anarchiques qui ont caractérisé les années 90. Des fossoyeurs témoignent et révèlent que des comportements méprisables ont été observés lors de ces années au vu et au su des autorités. Des citoyens ont, pour leur part, fait état de complaisances et de passe-droits dans quelques cimetières qui relèvent de certaines APC. Il s'avère très difficile, pour ne pas dire impossible, d'avoir une tombe à l'intérieur de ces cimetières sans une solide connaissance à l'APC, selon les témoignages recueillis auprès de l'Apca. L'exemple d'El-Kettar est plus qu'édifiant. Dans ce cimetière, plus de 1 263 tombes ont été ouvertes sur les allées prévues entre les tombes. Ce laisser-aller qui a trop duré, a fait que cette nécropole est devenue inaccessible aux visiteurs et encore moins aux pompes funèbres. L'Apca assure qu'El-Kettar n'est qu'un cas parmi tant d'autres, puisque les autres cimetières ne sont nullement épargnés. Pis encore, elle dresse un constat désastreux sur l'état des lieux de ces espaces qui nous accueilleront un jour. Des incivilités de tous genres ont été signalés par l'Apca allant des énormes gravats abandonnés par les auto-constructeurs aux détritus de différentes natures jetés aussi bien par les visiteurs que par les squatteurs de ces espaces envahis par les broussailles à défaut de désherbage. Beaucoup de citoyens ont, en outre, vu les pierres tombales en marbre de leurs proches, arrachées pour être recyclées ! Une violence qui a atteint ces derniers temps son paroxysme avec les intrusions indécentes signalées dans plusieurs cimetières à travers le pays. En matière de gardiennage et de sécurité, l'association estime qu'il y a une nette différence entre les cimetières gérés par l'Entreprise de gestion des pompes funèbres et cimetières (EGPFC) qui dépend de la wilaya et ceux gérés par les APC. «A l'exception du cimetière d'El-Kettar, le gardiennage est assuré convenablement dans tous les cimetières gérés par l'EGPFC qui sont de surcroît tous clôturés», affirme le président de l'Apca, Farouk Zergaoui. Ce qui n'est pas le cas des cimetières gérés par les APC qui sont, presque tous, «dépourvus de gardiennage». «Les salariés de l'APC sont rarement présents sur ces lieux de recueillement alors que les portes d'accès sont souvent hors service», estime M. Zergaoui pour qui : «L'absence de gardiennage a naturellement facilité les intrusions inopportunes ». L'association tient enfin à faire remarquer que parmi les 106 cimetières musulmans à Alger, seuls deux ou trois sont, plus ou moins, bien entretenus. Elle citera dans ce cadre, la nécropole de Garidi.