Pour ne pas déroger à la règle, beaucoup de commerçants se sont reconvertis depuis le début du ramadan, pour s'adonner à une activité, n'ayant aucune relation avec celle exercée le reste de l'année et pour laquelle ils ont obtenu le registre du commerce. L'explication est très simple : un gain assuré et rapide. Ce phénomène ne concerne pas uniquement les quartiers populaires, mais il se répand de plus en plus à travers Alger, en raison de l'absence de contrôleurs censés veiller au respect de la réglementation en vigueur, interdisant ces reconversions conjoncturelles. A Birkadem, un jeune commerçant a dû réserver une partie de son commerce dédié aux produits cosmétiques pour vendre des produits alimentaires (frik, fruits secs, maïs, mayonnaise, flan…) prisés en ce mois de jeûne. «En Algérie, tout est possible, avec un seul registre du commerce on peut exercer deux ou trois métiers !», commente un homme de passage. «Le problème, c'est qu'on vend ici des parfums et là de la nourriture», déplore une ménagère. A El-Biar, un autre vendeur a mis en vente plusieurs types de denrées alimentaires notamment les grands sacs de semoule et du couscous alors qu'à l'origine il vend des robes kabyles et d'autres tenues traditionnelles ! Tous ces commerçants profitent de ce mois de tentations pour exercer une activité plus lucrative, où ils sont assurés d'un afflux important et d'affaires plus juteuses. A la surprise des tout le monde la poissonnerie du marché Réda-Houhou est devenue, depuis le début du ramadan, un espace consacré exclusivement à la vente de «dioul», «qtaif» et d'autres gâteaux prisés pour ce mois sacré. Le soir, paraît-il, on y vend de la «zlabia» et du «qalbellouz»! Au quartier populaire Climat de France, tout le monde a dû trouver son compte. La preuve : un menuiser a changé sa fonction pour vendre des habits en prévision de l'Aïd, ce qui lui devrait lui assurer, et il ne s'en cache pas, des revenus conséquents en une période limitée. Ce commerce occasionnel s'est avéré une réussite totale pour beaucoup de vendeurs. D'ailleurs, nous avons constaté un autre phénomène parallèle au changement d'activité : certains locaux qui étaient fermés durant toute l'année, sont ouverts depuis peu par leurs propriétaires qui y vendent exceptionnellement des confiseries. A la coopérative 11 décembre dans la wilaya de Boumerdès un flux important de citoyens se forme au niveau d'un local chaque jour juste avant l'appel à la rupture du jeûne. Les gens qui habitent cet endroit et certains passants achètent des gâteaux, nous confie un homme natif de Boumerdès. Jusqu'a maintenant l'on continue à fermer les yeux sur ce genre de dépassements où des centaines de commerçants réglementés transgressent la loi durant ce mois sacré , alors que dire des faux commerçants dont on ignore la véritable activité .