Dans d?autres sociétés aussi, le noir est symbole de tristesse et de deuil. Ainsi, dans la plupart des religions, il est associé aux ténèbres de la tombe, c'est-à-dire à l?absence de vie symbolisée par la lumière, ainsi qu?au châtiment réservé aux impies. Le port de vêtements noirs est, dans beaucoup de sociétés, le signe du veuvage : au Maghreb, par exemple, le port d?un foulard noir ou de couleur sombre est de mise pour la veuve jusqu?à la fin de la retraite légale. On sait que dans l?Egypte ancienne, les veuves, qui ne voulaient pas se remarier, lâchaient dans le ciel une colombe noire? Il y a aussi le drapeau noir, qu?il s?agisse de celui des navires pirates, des sectes religieuses ou des groupuscules politiques, qui symbolise la mort. Dans beaucoup de sociétés, le noir occupe une place de choix dans les croyances superstitieuses et les pratiques magiques. On redoute particulièrement le chat noir porteur de malheurs et de troubles et le corbeau annonciateur de mauvaises nouvelles. Ces mêmes animaux, à cause des forces maléfiques qu?ils véhiculent, sont utilisés par les sorciers dans la confection des charmes. Mais par une sorte de magie préventive ou homéopathique, la force du noir est détournée pour combattre les maléfices : les exorciseurs sacrifient des animaux noirs pour chasser les mauvais esprits et briser les sortilèges. On sait aussi qu?en Algérie, les mots signifiant «noir» en arabe, lekh?al, lesoued, et le nom de l?esclave noir (louçif en arabe, akli en berbère), sont utilisés comme prénoms pour détourner les mauvais esprits, la maladie et la mort.