Résumé de la 55e partie n Lenny continue à jouer le rôle du père tendre et affectueux. En évoquant le «suicide» de son épouse, il arrive même à toucher Alvirah. Agenouillés près du berceau, Stellina et Jerry levèrent les yeux. «Ses anges gardiens le Seigneur t'enverra», entonnèrent-ils de leurs jeunes voix claires. «C'est une jolie chanson, dit Lenny. Elle me rappelle... ? Chut !» Dieu du ciel, ne peut-il se taire, ne serait-ce que pour entendre sa propre enfant ? pensa Alvirah, qui lui aurait volontiers appliqué du ruban adhésif sur la bouche. Elle avait remarqué que les yeux de Stellina s'étaient furtivement tournés vers lui lorsqu'il avait élevé la voix, puis qu'elle avait regardé ailleurs, comme gênée. Elle est assez fine pour savoir que son père n'est pas quelqu'un de bien, pensa Alvirah. Pauvre petite. Elle est mal fagotée aujourd'hui et tout ébouriffée. Ses cheveux sont si bien coiffés d'habitude, joliment retenus sur la nuque. Mal coiffée, mais toujours aussi jolie, pensa-t-elle, avec ses boucles blond foncé, son teint clair, ses yeux bruns au regard : si profond. Elle a une expression empreinte de tristesse. Presque une expression d'adulte. Pourquoi certains enfants ont-ils aussi peu de chance dans la vie ? Lenny applaudit bruyamment à la fin de la répétition. «Formidable ! cria-t-il. Vraiment du beau travail ! Star, ton papa est fier de toi !» Stellina rougit et détourna la tête. «Ton papa est fier de toi, singea Jerry en se relevant. Tu es une si gentille petite Vierge Marie, ah ah ah ! ? Il est encore temps de trouver un autre saint Joseph, l'avertit Cordelia en donnant une tape au petit garçon. Maintenant, les enfants, n'oubliez pas d'apporter vos costumes à l'école, lundi. Vous les mettrez en arrivant ici. ? J'irai chercher Star à l'école et je l'emmènerai s'habiller à la maison, dit Lenny à Alvirah. Sa nonna ne peut pas venir à la fête, mais elle voudrait la voir dans sa robe de Vierge Marie, et elle m'a demandé de la prendre en photo avec les autres enfants.» Alvirah hocha la tête, l'esprit ailleurs. Elle regardait Cordelia rassembler les présents qu'offriraient les rois mages. Les chocolats, enveloppés de papier doré, imitaient parfaitement l'or. Le bol peint que Maeve avait apporté du couvent pour offrir l'encens était très joli. Je trouverai un autre bol pour remplacer celui que Rajid a laissé tomber, pensa-t-elle. Puis elle remarqua que Stellina prenait la main de Cordelia et l'entraînait à part. «Qu'est-ce qu'elles se racontent ? Des messes basses ? demanda Lenny d'un ton soudain moins aimable. ? Ça m'étonnerait. Je sais que Stellina voulait demander à s?ur Cordelia et à s?ur Maeve de prier pour sa tante. ? Oh, bien sûr, acquiesça Lenny, après un instant de réflexion. C'est sans doute ça.» Satisfait de l'impression qu'il croyait avoir donnée de lui-même pendant la répétition, Lenny partit avec Stellina, expliquant à la cantonade qu'il l'emmenait dîner dehors. «Maintenant que la nonna ne peut plus s'occuper des repas, j'imagine qu'il va falloir que j'achète un livre de cuisine», ajouta-t-il. (à suivre...)