Résumé de la 73e partie n La pureté des intentions – nniya – est une vertu capitale. Tout ce que l'on fait, dit la sagesse populaire, doit se faire sous son égide. Rien ne vaut la bonne foi, dit la sagesse populaire. La bonne foi ou les bonnes intentions, c'est la nniya. C'est d'elle que procède la foi, car, dit-on, tout ce qui vient d'elle vient du cœur, c'est-à-dire sans calcul. S'agit-il d'accomplir un acte de la vie religieuse, comme la prière, le jeune ou le pèlerinage, il faut d'abord exprimer sa bonne foi ou l'intention de faire réellement la chose, sans subir de contrainte. Autrefois, aux premiers temps de l'Islam, les conversions obtenues de force, sans l'expression de cette nniya, étaient nulles et non avenues. «Les actes, disait le Prophète, dans un hadith célèbre, procèdent des bonnes intentions. ‘'Inna'ma al-‘amâl bi- nniyât''». La nniya passe parfois pour de la bêtise. Il est courant, en effet, d'appeler les personnes faciles à berner, les gens trop crédules de «nniya'», mais cette nniya, qui fait parfois rire, est recherchée par les pieux personnages. «Ah, disait le calife Omar, si seulement j'avais la foi des vieilles femmes !» Cette foi, si simple, si sincère, qui ne se pose pas de questions complexes, n'est-ce pas là, justement, la vraie foi ? Un récit, que l'on retrouve partout en Algérie, met en scène une femme simple qui vivait en ermite dans la montagne. Elle s'est retirée pour éviter de mal se comporter avec les gens et de ne pas avoir à s'emporter. Dans les régions berbérophones, on dit qu'elle ne parlait que son dialecte berbère et ignorait tout de la langue arabe, dans les autres régions, on dit qu'elle était simple d'esprit et qu'elle n'arrivait même pas à retenir ses prières. Quoi qu'il en soit, elle ne retient pas les paroles qu'il faut prononcer durant la prière. Mais sa foi est très vive et, assise sur un rocher, à longueur de journée, elle lance cette oraison : «Oh mon Dieu, je t'adore de toutes mes forces…'» Dieu Tout-Puissant écoute cette prière, lancée inlassablement, et il répond à ses besoins. Ainsi, dit la légende, tous les jours, la pieuse femme trouve toujours sa boisson et sa nourriture. Elle mange, elle se désaltère et, levant les bras au ciel, remercie son Seigneur. — Merci pour la substance que tu m'assures ! Et retrouvant encore plus d'énergie dans cette nourriture spirituelle, elle reprend sa prière, inlassablement : «Mon Dieu, je t'adore de toutes mes forces !» Dans certaines régions, cette femme passe pour une sainte et on va parfois lui rendre visite. — Femme de Dieu, lui demande-t-on, invoque pour moi Dieu très Haut ! L'ermite lève les mains au ciel et lance. — Ô Dieu vient au secours de Tes serviteurs ! Et elle achève sa prière par ces mots : «Mon dieu je t'adore de toutes mes forces !» Et Dieu répond toujours à sa fidèle servante. Parfois, on lui apporte des vivres, on lui donne même de l'argent, mais elle refuse de le prendre. — A quoi cela pourrait-il me servir ? Dieu me donne chaque jour ma subsistance (à suivre...)