Résumé de la 6e partie n Grâce à l'argent que lui donnaient ses voisines pour s'acheter des sucreries et qu'elle a économisées, la petite réussit à aller à Sudbury où habite son enseignante... Une fois arrivée, il lui suffirait de se diriger vers l'océan et de longer la plage jusqu'à ce qu'elle aperçoive la maison aux roses jaunes et roses. Et s'ils s'étaient trompés ? Peut-être Mlle McDivott, bien qu'elle ne puisse revenir à l'école, n'était-elle pas en train de mourir ? Peut-être se promènerait-elle parmi les fleurs et contemplerait-elle l'océan pour toujours, ou du moins pour très longtemps. Tout d'abord, Katey parvint à bouger son bras et sa jambe gauches. Mais, tandis qu'elle traversait la pièce pour atteindre le téléphone, ses forces l'abandonnèrent. A présent, elle avait la bouche sèche, la langue enflée et sa gorge paraissait se resserrer. Ses oreilles sifflaient et bourdonnaient. Elle ignorait quelle heure il était, mais elle avait l'impression d'avoir dormi. Elle entendit des bruits qui lui parurent indiquer le passage du facteur, la seule personne susceptible de venir lui rendre visite ce jour-là, mais elle fut incapable d'articuler, le moindre son. Que lui arrivait-il donc ? Ça ne ressemblait en rien à ses attaques précédentes. La fenêtre était ouverte. Il devait faire chaud car les oiseaux se taisaient. Elle essaya de concentrer son attention sur d'autres sons que ceux qui lui remplissaient la tête. Elle tenta de s'imaginer qu'elle se trouvait dans un paisible boqueteau, en train d'observer l'oiseau le plus délicat, le plus richement coloré qu'elle eût jamais vu. Personne n'appellerait. Personne ne passerait. Elle n'avait pas de famille et, jusqu'à sa retraite, cet endroit n'avait été pour elle qu'une résidence secondaire, où elle passait presque tous ses week-ends. Et si le courrier s'entassait... Peut-être le facteur se dirait-il alors que quelque chose n'allait pas ? Sinon, à moins que ça ne passe, elle mourrait là. Sa gorge se resserrait de plus en plus. Déglutir la faisait souffrir. D'un moment à l'autre, l'air ne passerait plus. Soudain, elle se mit à paniquer. Non. Bien qu'elle ne puisse ni parler ni bouger, elle ne céderait pas à la peur ou au découragement. En tendant bien l'oreille, peut-être parviendrait-elle à distinguer le mugissement de l'océan ou le chant d'un oiseau ; Katey ferma les yeux. La chambre de Ngoc Thuy, à peine plus grande qu'un cagibi, ne contenait qu'une natte posée à même le sol. Dans des boîtes à chaussures ouvertes était rangée une collection de minuscules poupées aux chevelures rousses, brunes et blondes, et des chevaux en plastique ornés, pour certains d'entre eux, de crinières et de queues. (à suivre...)