Résumé de la 2e partie n Magwayi est heureux car il a trouvé une nouvelle femme qui s'occupe bien de lui et qui fait de la bonne cuisine... Et quand sa femme verse enfin sur le tou-wôh la sauce parfumée, il ne se retient pas de chanter : La vie est belle, le monde est beau, Quand on est deux devant un bon tou-wôh. «Chiline chiline», approuve le calao. Un soir que sa femme, cuiller en main, s'apprête à lui servir le tou-wôh, Tagwayi laisse échapper : — Voyons voir, aujourd'hui, combien de cuili... Il se mord la langue. — Combien de quoi ? demande sa femme. Il rit. — Rien. Rien du tout. J'ai déjà enfourché plusieurs fois ce vilain cheval de Si-j'avais-su, on ne m'y reprendra plus. Sa femme le sert. Il l'a échappé belle. Il tâchera, dorénavant, d'aller faire un petit tour dehors le temps qu'elle remplisse sa calebasse. Il comptera les arbres, il comptera les papillons, les cris du calao. Et quand il rentrera souper, il ne sera plus tenté de compter. Plus du tout. Deux semaines passent, puis trois. Un soir, Tagwayi a si faim qu'il a bientôt terminé son petit tour d'avant-souper. Il a compté les arbres, les cailloux, mais vite. Si vite qu'il rentre bien trop tôt. Le calao se pose non loin de lui et le prévient : «Wo, woh ! Wo, woh !» — Quoi, wo, woh ? dit Tagwayi. C'est chiline, chiline, qu'il faut chanter, tu sais bien ! Et sur ce, il rentre chez lui. Sa femme est justement en train de servir le tou-wôh. Tagwayi s'accroupit près d'elle. — Une cuillerée, deux cuillerées, trois cuillerées, quatre cui... Sa femme pousse un soupir agacé. Elle murmure : «Attention...» Mais il est trop occupé à compter. — Neuf cuillerées, dix cuillerées... Tiens, la cuiller ne revient plus. — Et moi non plus, lui lance sa femme, je ne reviendrai plus ! Plus jamais ! Un coup de cuiller de bois sur la tête du mari, et c'est fini, elle est partie. Tagwayi reprend ses esprits. Trop tard, il est seul une fois de plus. «Wo, woh», dit le calao tout triste. Pauvre Tagwayi ! Il ne lui reste plus qu'à compter les jours... et le nombre de fois, dans une seule journée, que vient tinter à ses oreilles la petite chanson: Si tu comptes les cuillerées, Ne compte pas voir ta femme rester Si tu comptes les cuillerées. Plus personne pour cuisiner ! Et son talent de cuisinier ne s'améliore pas. Deux ou trois soirs d'affilée, déjà, il a laissé attacher le tou-wôh. Bien sûr, il peut à loisir compter les cuillerées qui lui restent, mais c'est une maigre consolation. Un beau matin, enfin, le calao chante : «Chiline, chiline !» Et c'est ce jour-là justement que Tagwayi entend parler d'une jeune fille, une vraie beauté, dans un village non loin de là. Aussitôt, il se met en route pour la demander en mariage. — Hum, j'ai entendu parler de toi, lui dit la demoiselle. — Ah bon, dit Tagwayi. (Ce qu'elle a entendu dire, il ne le devine que trop.) Autrement dit, tu ne veux pas de moi? (à suivre...)