De notre bureau à Tizi Ouzou Malik Boumati Parmi les disciplines culturelles et artistiques les plus touchées par la crise multidimensionnelle que l'Algérie a subie pendant de longues années figure de façon on ne peut plus indéniable le théâtre qui a connu une régression terrible suite à un abandon pur et simple de la part des autorités mais aussi des artistes et même du public. La wilaya de Tizi Ouzou n'est pas mieux lotie que les autres contrées d'Algérie puisqu'au moment où l'Etat était occupé à survivre, abandonnant ainsi tout le secteur de la culture, les hommes de culture, eux, s'étaient effacés pour des raisons évidentes de sécurité, quand les intellectuels étaient la cible privilégiée de la violence armée. L'exil ou l'effacement était le seul choix entre les mains des hommes de culture les plus à même de donner un coup de fouet à un secteur moribond. A Tizi Ouzou, et à ce jour, le théâtre n'a pas encore connu de relance. Et ce n'est pas seulement par manque de volonté de l'Etat à donner un coup de pouce à la renaissance d'une discipline artistique tellement appréciée quand elle était l'apanage des professionnels. En fait, la relance du théâtre dans une wilaya où la culture occupe une place importante au sein de la société, traîne encore en longueur depuis le transfert du théâtre Kateb Yacine de la mairie de Tizi Ouzou vers la direction de la culture de la wilaya, érigé en théâtre régional. Les travaux de réhabilitation de l'infrastructure n'ont pas encore abouti et le petit noyau mis sur pied autour de la directrice du théâtre régional, Mme Faouzia Aït El Hadj, ne dispose pas encore des moyens adéquats et suffisants pour se lancer dans l'aventure de l'écriture théâtrale, la base de la relance effective de la discipline. En l'absence de la directrice du théâtre régional, nous avons sollicité M. Aït Mouloud, l'un de ses collaborateurs mais aussi et surtout un des anciens du théâtre national qui a côtoyé les plus grands de la discipline, comme Kateb Yacine. N'étant pas habilité à parler au nom de l'institution à laquelle il appartient, M. Aït Mouloud affirme qu'«un travail commence à se faire mais lentement, vu les moyens insuffisants mis à la disposition du groupe». Pour lui, le plus grand handicap du théâtre en Algérie reste la formation des comédiens et même des dramaturges. D'ailleurs, l'équipe du Théâtre régional de Tizi Ouzou compte lancer, une fois toutes les conditions réunies, un cycle de formation au profit des jeunes comédiens de la région, afin de les intégrer et d'améliorer les prestations théâtrales des troupes de la wilaya. Aujourd'hui, Mme Aït El Hadj est contrainte de faire appel à des comédiens des autres wilayas du pays pour le montage des quelques pièces théâtrales qu'elle a réalisées jusque-là. Le but est d'arriver à monter des pièces avec des comédiens de la région. Notre interlocuteur, s'il fait un constat sans appel de la situation du théâtre dans la wilaya, reste cependant optimiste quant à l'avenir de l'activité pour peu que les moyens, y compris financiers, accompagnent la volonté politique affichée ces derniers temps de promouvoir le théâtre. Aujourd'hui, le Théâtre régional de Tizi Ouzou est pris en charge par des professionnels. Qu'on les laisse travailler.