La grève des commerçants de Béjaïa, qui a tourné à la manifestation violente avec actes de saccages, vandalismes et pillages survenus dans quelques localités de la wilaya de Béjaïa, a indigné la population, la société civile et les partis politiques. A l'unanimité, ils condamnent la violence, critiquent les mesures du gouvernement et appellent les citoyens à la vigilance. A Sidi Aïch, dans la vallée de la Soummam, ce sont les Comités de villages qui ont appelé au calme suivi d'une réunion regroupant une vingtaine d'associations au chef-lieu de wilaya. Le regroupement du mouvement associatif a rendu public une déclaration où il appelle à l'apaisement des esprits pour éviter, note-t-il, «un chaos programmé pour la région». Cette région, fief de l'opposition, inquiète le Front des forces socialistes. «Le FFS suit avec beaucoup d'attention l'évolution de cette situation porteuse de risques de développements chaotiques ainsi que les tentatives de faire basculer la wilaya dans la violence», écrit la Fédération, structure locale du parti, dans un communiqué. Le parti ne manque pas de décoché un trait en direction des gouvernants en relevant «l'obstination du pouvoir à s'opposer à toute alternative politique démocratique et à une sortie de crise consensuelle ainsi que l'acharnement à détruire les cadres d'organisation et de débats citoyens qui poussent certaines catégories de la population à recourir à la violence». Et de placer son invite : «Le FFS renouvelle sa proposition de concertation et de dialogue en vue de réaliser un consensus national seule alternative à la dictature de la violence d'où qu'elle vienne. Non à la violence.» «La violence est d'abord l'apanage du pouvoir algérien. C'est son carburant par excellence pour durer. Vigilance chers concitoyens», écrit Atmane Mazouz, chargé de communication du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD). Sur sa page Facebook, le représentant du RCD trouve «inadmissible que des agents missionnés sous couvert d'anonymat poussent à piller, à agresser et à saccager sous couvert de nobles revendications». Rappelant le combat de son parti contre les mesures d'austérité et les dispositions de la loi de Finances 2017, il affirme : «Nous partageons les craintes de la population et leur hostilité face à ces mesures.» Cependant, a-t-il précisé : «Notre mobilisation doit être pacifique et déterminée. Elle doit faire barrage aux pyromanes et aux manipulateurs en mal de crédibilité». Enfin, le représentant du parti de Mohcine Belabas appelle les citoyens à la «préservation» de «nos acquis et agissons ensemble pour faire barrage à ceux qui sont instrumentalisés pour provoquer le chaos dans notre région» ! Même son cloche chez ce qui reste de la gauche. Le Parti des travailleurs (PT) rappelle, par la voix de son député, Ramdane Taâzibt, les dangers de ces émeutes qui «risquent de plonger à nouveau le pays dans un cycle de violence/répression qui ne peut que desservir le pays et les revendications légitimes des larges couches de la population». «Les pouvoirs publics doivent faire preuve de responsabilité pour ne pas légitimer ce mouvement par la répression et les citoyens doivent agir pour démasquer et isoler les provocateurs qui tentent de provoquer le chaos en procédant de la même manière que ceux qui ont organisé le prétendant printemps arabe qui a, à deux exception près, été un processus de dissolution des nations», assure le représentant du PT, dans un post publié sur sa page Facebook. A. B.