«Nous voulons de la clarté», revendique M. Aïder, président de l'Union nationale des transporteurs (Unat). Profitant des journées de sensibilisation à la sécurité routière, organisées par le syndicat du 15 au 18 juin en cours, au niveau de la gare routière du Caroubier à Alger, les intervenants ont longuement disserté sur les difficultés que rencontrent les transporteurs publics privés et sur les perspectives du secteur. Sans cesse mis en cause par les citoyens, les autorités et les médias concernant la cacophonie qui règne dans le transport : désorganisation, vétusté des véhicules, manque de respect pour les voyageurs, surcharge…, les transporteurs privés renvoient la responsabilité au «flou» entourant la réglementation et la gestion de cette activité. «On n'est pas contre les stratégies adoptées par l'Etat pour réguler le transport, on veut seulement savoir ce qui est prévu pour nous afin qu'on puisse prendre nos prédispositions», explique M. Aïder, qui informe que l'Union a réussi à bloquer la décision du ministère des Transports de distribuer de nouvelles licences de transport. «Il y a trop de transporteurs privés. Nous sommes plus de 50 000 sur le territoire national. Si l'Etat considère qu'il a besoin dans une région donnée de 10 bus supplémentaires, au lieu d'accorder des licences à des gens qui n'ont aucune connaissance du domaine, qu'il fasse appel à nous. Il y en a parmi nous qui ont de l'argent et sont disponibles pour investir. Seulement, il faut nous garantir la pérennité de notre activité», poursuit le président de l'Unat. Est-ce une manière de revendiquer le monopole du transport public ? «Cela fait vingt ans qu'on exerce ce métier. On a quand même une petite expérience. Et on sait que, dans l'avenir, c'est indéniable, il faudra nous organiser en concession, en SPA, ou en groupement d'intérêt commun (GIC), et la pérennité est à celui qui est le mieux organisé. Mais pour cela, il faudra qu'on nous informe de la stratégie de l'Etat pour les décennies à venir», prône M. Aïder. Mais qu'est-ce qui gêne donc les opérateurs des transports publics ? D'abord les tarifs des transports urbains. «Les prix sont fixés et pas subventionnés par l'Etat. Selon une étude réalisée en 2005, le tarif équitable est de 1,70 DA le kilomètre, alors qu'actuellement il est fixé à 1 DA», déplorent les intervenants. «Qu'on nous laisse au moins nous mettre aux mêmes tarifs que l'ETUSA. Actuellement, en zone urbaine, les prix du service public sont plus élevés que ceux du privé», regrette un autre intervenant. L'ETUSA, l'entreprise de transport public de l'Etat, a été à maintes reprises mise à l'index par les opérateurs de transport. «Aux heures de pointe, elle est absente. A 8 h et 16 h, c'est le privé seulement qui travaille. La société publique se dirige vers le transport du personnel des entreprises. Et après on vient nous reprocher, nous les transporteurs privés, de surcharger nos véhicules. Les citoyens, ne trouvant pas de moyen de déplacement, se ruent sur le privé», explique M. Aïder. Pour revenir sur les répercussions des prix, le président de l'Unat affirme que cette donnée a fait que les transporteurs n'ont pas renouvelé leurs véhicules qui pour certains constituent un véritable danger pour la vie des citoyens. «Ces opérateurs n'arrivent pas à faire face aux dépenses. Ils n'ont pas confiance en l'avenir. Pourquoi voulez-vous qu'ils investissent dans un autre matériel, alors qu'une simple décision prise en haut lieu peut leur faire cesser activité ?» En revanche, le transport longue distance est présenté comme un contre-exemple à la cacophonie qui règne dans celui urbain. «Vous n'avez qu'à regarder le matériel acquis par les transporteur long courrier. Ce sont des bus nouveaux, avec toutes les commodités, qui sont mis à la disposition des voyageurs. Et la raison est simple. C'est la loi de la concurrence et les prix sont libres», témoigne le président de l'Unat, assurant que 80% du parc a été renouvelé. Le second handicap des opérateurs est le nombre important de concurrents. «Cela explique le stress quotidien des transporteurs et crée un climat de concurrence dévastateur», dénonce un membre de l'Union. Surcharge, course sur les routes… L'autre point soulevé par le président de l'Unat a trait à la formation des chauffeurs. M. Aïdat explique qu'il y a seulement deux centres assurant la formation des chauffeurs. Un à Rouiba et l'autre à Aïn Benian pour une capacité de 20 à 25 chauffeurs par mois. «Dans ce cas, nous sommes obligés d'assurer les formations à nos employés. Et cela revient à 25 000 DA par personne. Un opérateur qui doit former entre 4 et 5 chauffeurs doit débourser des sommes importantes», poursuit le porte-parole qui précise que la loi du 01-13 2001 impose cette formation. Pour cette raison, il préconise la création de nouveaux centres de formation. Quant au problème de la circulation routière et des embouteillages, les intervenants souhaitent que l'exemple du Caire soit adopté : «Moduler les horaires. Il faut décaler l'entrée et la sortie des opérateurs économiques, des écoliers et des fonctionnaires de l'administration. C'est une solution qui a fait ses preuves en Egypte.» En somme, les opérateurs des transports publics, qui dénoncent l'inexistence d'étude de terrain exhaustive, demandent à être associés en cas de nouvelles stratégies de transport. Le transport urbain représente 76% des déplacements. Il est assuré à hauteur de 80% par le secteur privé, assure M. Aïder. «On a vingt ans d'expérience dans le domaine, faites appel à nous», lance-t-il. S. A.