Photo : Riad Par Ziad Abdelhadi Il y a moins de deux ans, des promoteurs immobiliers expliquaient le prix élevé du mètre cube bâti par la cherté des matériaux de construction de base, à savoir le ciment, le fer, la brique et autres composants. Le problème du foncier n'était pas évoqué. Est-ce à dire aujourd'hui que le prix du foncier pèse très lourd dans le coût de la construction de logements, reléguant ainsi le ciment et le fer en seconde et troisième position ? D'après les spécialistes du cadastre, c'est au niveau des grands centres urbains qu'il devient très difficile de dégager des assiettes de terrain, une initiative rendue nécessaire par une demande pressante et dans le cas où cela se fait, c'est, bien évidemment, au détriment des terres agricoles à forte potentialité de production. «Il est donc évident que cette rareté s'est traduite par une tendance à la hausse des prix des terrains appartenant généralement à des particuliers», nous a-t-on expliqué à l'institution des domaines. Et de nous rappeler aussi que la rétrocession des terres agricoles au profit de l'urbanisme ne se réalise qu'après une très lente démarche administrative; aussi les promoteurs immobiliers s'en trouvent-ils pénalisés. En effet, tout lancement d'une promotion immobilière exige la possession d'un acte de propriété. Sans ce document, les promoteurs immobiliers ne peuvent lancer leur futur projet de construction d'appartements. Ils ne peuvent d'ailleurs contourner cette obligation dans la mesure où le législateur a mis en place des barrières pour éviter des dérives comme cela été le cas auparavant où de nombreux citoyens ayant versé des avances pour souscrire à une promotion immobilière ont vu leur épargne partir en fumée suite à la disparition dans la nature du promoteur. La mise en place du fonds de garantie et de caution mutuelle de la promotion immobilière est l'une de ces barrières. En effet, cette législation garantit au souscripteur le remboursement de ses avances dans le cas de l'abandon de l'opération et, d'un autre côté, elle permet aux promoteurs d'avancer dans les travaux sans se soucier de la défaillance des particuliers à verser les échéances conclues entre les deux parties.Aujourd'hui, l'environnement du secteur de l'immobilier a connu des changements et des clarifications. Ce que d'ailleurs attestent les promoteurs. Avec les crédits à taux bonifié, décidés dans la loi des finances 2010, octroyés aux particuliers désirant acquérir un logement neuf, il faut s'attendre à ce que les promoteurs immobiliers soient très sollicités. Mais pourront-ils répondre à toutes les demandes et, le cas échéant, lancer des chantiers de construction de logements ? Des promoteurs immobiliers rencontrés récemment au Salon international du bâtiment, des matériaux de construction et des travaux publics «Batimatec 2010», qui s'est tenu du 3 au 7 mai dernier à Alger, diront qu'il y va de leur intérêt de «terminer un projet immobilier au plus vite, dans la mesure où plus vite nous achevons un chantier, plus vite nous pourrions en entamer un autre. Mais, sur le terrain, nous rencontrons beaucoup d'entraves qui nous gênent considérablement au point de nous créer de sérieux retards dans l'exécution des travaux». Ils citeront comme exemples d'obstacles «les sempiternelles pénuries de ciment qui immobilisent durant des semaines entières les chantiers et la main-d'œuvre qualifiée très peu disponible. Et quand on en trouve, elle est très instable. Les maçons, coffreurs et ferrailleurs ont cette fâcheuse tendance à changer d'employeur». En somme, selon ces derniers, il leur est devenu difficile d'imposer un rythme de travail adéquat. Mais ces retards ont-ils d'autres raisons ? Les techniques de construction en vigueur à revoir Selon des architectes, les retards dans l'exécution de projets de construction et la cherté actuelle du mètre cube bâti sont également dus aux procédés de construction en vigueur sur les chantiers. Pour ces derniers, il est grand temps de sortir des travaux manuels en introduisant des techniques nouvelles comme l'utilisation de coffrages métalliques et d'engins mécaniques (grues, pompes à béton…). «On ne peut plus admettre en 2010 que des entreprises de construction fassent encore usage de la corde et de la poulie pour faire monter de la brique, du sable ou du ciment sur des hauteurs de plus de quatre étages. Ce n'est pas avec ces moyens obsolètes que les délais d'exécution pourront être respectés», diront-ils.«Il faut vite revoir les techniques de construction car celles en vigueur restent encore très archaïques et, du coup, grandes consommatrices de matériaux tels que le bois de coffrage qu'on importe à coups de millions de dollars chaque année alors qu'il existe une alternative très économique, celle du coffrage métallique, facile à poser, et d'autres nouveautés qui permettent des gains de temps et d'argent considérables», ajouteront-ils.Par ailleurs, les architectes n'ont de cesse de rappeler, à l'occasion de journées d'étude ou de séminaires, que la diminution du coût de revient du mètre carré construit passe aussi par une utilisation rationnelle des matériaux et dans des normes et délais qui se rapprochent des standards internationaux. De nouveaux matériaux (liant pour le béton pouvant remplacer le gravier, film d'étanchéité, panneaux d'isolation à pose facile, revêtements…) et des techniques nouvelles de construction rapides existent et qui ont fait leurs preuves doivent être adopté, d'autant que le marché national est largement pourvu en matériaux de construction. Pour preuve, l'industrie des produits rouges (briques et parpaings) et tous les produits de cloisonnement ont connu un véritable essor ces dernières années, la création d'entreprises dans ce secteur en témoigne. Reste à savoir si les entreprises vont enfin se mettre au diapason de ce qui se fait sous d'autres cieux. Il est important de s'engager dans la voie de la modernisation de l'acte de construire au vu des besoins en logements sans cesse croissants.