Photo : M. Hacène Par Youcef Salami De tous les ministres, Karim Djoudi était le plus sollicité par les journalistes, hier, au sortir des travaux en plénière consacrés à la présentation, par le Premier ministre, de la déclaration de politique générale. Les représentants des médias l'interrogeaient, entre autres, sur le dossier Djezzy et sur «l'incohérence» des données statistiques liées à la croissance économique. M. Djoudi, au milieu d'un «paquet» de journalistes, était inaudible par moments ; il s'efforçait néanmoins à faire entendre ses propos. Au sujet de Djezzy, il dira que l'Algérie affiche «sa volonté» d'acheter cette entreprise, que Orascom Telecom Holding (OTH) a manifesté, lui, également sa disponibilité à céder sa filiale OTA à l'Etat algérien et que le processus suit son cours, l'opération d'achat étant engagée. Interrogé sur le vis-à-vis de l'Algérie qui a changé - allusion faite à l'opération de fusion montée entre OTH et Vimpelcom -, le ministre ne s'est pas donné de temps pour réfléchir à la réponse à étaler, soulignant qu'il y a une relation qui lie l'Algérie à OTH, le groupe détenteur de la licence GSM et qui est détenteur des actions d'OTA (Orascom Telecom Algérie). Karim Djoudi signifierait ainsi que l'Etat algérien ne reconnaît pas la transaction entre Russes et Egyptiens et que le seul interlocuteur reste OTH, parlant ainsi le même langage que le ministre de la Poste et des TIC et celui de l'Industrie, de la Petite et Moyenne Entreprise et de la Promotion de l'investissement. M. Benhamadi, de même que Benmeradi, estime que «rien ne changera» dans le processus en question. M. Benmeradi a souligné, lui, récemment que tout changement dans l'actionnariat d'Orascom Telecom Holding «ne saurait remettre» en cause les engagements déjà pris de céder OTA à l'Etat algérien et que cette opération de fusion ne changera rien au choix du rachat de Djezzy décidé par le gouvernement algérien. Le ministre des Finances s'est voulu plus explicite hier : la fusion de Weather Investment, un fonds d'investissement actionnaire majoritaire dans le groupe OTH, avec le groupe russe de téléphonie VimpelCom, et la cession de droits d'OTA, une société de droit algérien officiellement engagée entre les deux parties suite à la décision de l'Etat algérien d'exercer son droit de préemption prévu par la législation nationale sur les cessions d'actions de la société OTA, envisagée par la société mère (OTH), sont «deux opérations distinctes» ; une explication formulée également par le ministre de l'Industrie de la Petite et Moyenne Entreprise et de la Promotion de l'investissement, il y a quelques semaines. Et, de ce fait, «notre partenaire demeure OTH et l'Etat algérien s'en tient uniquement à ce qui a été officiellement écrit», a-t-il relevé. Dans une déclaration récente à une chaîne de télévision cairote, N. Sawiris avait affirmé que l'accord signé avec les Russes «n'en est qu'à ses débuts (sur du papier)» et qu'il n'entrera en vigueur qu'en «février prochain». Les deux associés nés de cette fusion auraient-ils repoussé délibérément l'échéance de fusion ? N'y voyaient-ils pas clair ? Scrutent-ils l'horizon algérien ? L'Etat algérien a lancé un avis d'appel d'offres international à l'adresse de banques et de cabinets d'affaires pour l'accompagner dans l'opération d'évaluation de l'entreprise Djezzy. A priori, ce processus sera bouclé avant la fin de l'année en cours. C'est ce qui va déterminer le prix auquel sera racheté Djezzy. Pendant ce temps, des soupçons pèsent sur l'entreprise, l'Etat algérien lui réclame des impôts impayés. M. Djoudi a levé le voile, hier, sur une partie des «dettes» à honorer. Le redressement fiscal opéré au niveau d'OTA n'a finalement concerné que la période 2004-2007. Il porte sur la bagatelle somme de «53 milliards de dinars, un montant qui a été totalement récupéré par le Trésor public». Mais ce n'est pas fini, l'Etat algérien a engagé une enquête sur l'intervalle 2008-2009, c'est une vérification fiscale qui a déjà été signifiée aux responsables de Djezzy. Elle a permis, selon le ministre, de mettre en lumière un «premier montant» qui a été annoncé à Djezzy pour procéder aux vérifications nécessaires. Dans le registre fiscal, la direction d'OTH avait rendu public, il y a trois jours, un communiqué dans lequel elle explique qu'elle pourrait introduire un recours relatif à 230 millions de dollars que le gouvernement algérien lui réclame. Pour ce qui est de la croissance et des chiffres contradictoires qui s'y rapportent, Karim Djoudi a déclaré qu'il n'y a pas de «contradictions» et qu'il «n'y a pas d'incohérences» dans les données. «On a les mêmes sources d'information», a-t-il souligné.