Un panel, présidé par le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, regroupant le Sud-Africain Jacob Zuma, le Tanzanien Jakaya Kikwete, le Tchadien Idriss Deby Itno et le Burkinabé Blaise Compaoré, devrait se réunir demain afin de finaliser des propositions pour désamorcer la crise en Côte d'Ivoire. Créé lors du dernier sommet de l'UA fin janvier à Addis-Abeba, ce groupe tente de prodiguer des médications au dangereux bras de fer né entre Gbagbo et Ouattara après la dernière élection présidentielle du 28 novembre. Ouattara, retranché au Golf Hôtel d'Abidjan sous blocus des Forces de défense et de sécurité (FDS) de Gbagbo et protégé par des Casques bleus, a accepté l'invitation. Le chef de l'Etat sortant décide des ne pas faire le déplacement, il se fera représenter par le chef de son parti, dans le but évident de dévaloriser son adversaire. A l'issue de sa dernière réunion tenue vendredi à Nouakchott, en Mauritanie, le panel de l'UA a appelé à «l'arrêt immédiat des tueries», à mettre fin aux «exactions provoquant des pertes en vies humaines», et à lever le blocus de l'hôtel où est retranché depuis des mois Ouattara. Chargé de rendre des décisions «contraignantes» à la fin du mois de février, le groupe des cinq chefs d'Etat a vu son mandat prolongé par l'UA d'un mois. Le groupe se donne surtout le temps nécessaire pour parachever sa mission face à crise complexe. La Côte d'Ivoire connaît, particulièrement depuis quelques jours, un regain de violences, notamment à Abidjan. Des heurts opposent les partisans des deux camps, aggravant la situation humanitaire. Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a appelé les belligérants à s'engager à soutenir l'acheminement et l'accès de l'aide humanitaire d'urgence aux populations et à cesser de mettre en péril la vie des civils. Selon le HCR, «environ 300 000 personnes ont été déplacées à Abidjan, ainsi qu'un autre groupe de 70 000 personnes dans l'ouest du pays». Les Etats-Unis ont débloqué 12,6 millions de dollars d'aide humanitaire pour les personnes ivoiriennes réfugiées et déplacées. Selon les Nations unies, plus de 370 personnes ont été tuées depuis la fin 2010 dans la foulée de la crise post-électorale. La situation en Côte d'Ivoire est compliquée par un volet économique de première importance. Gbagbo annonce la prise de contrôle par l'Etat de la filière cacao, alors que la bataille avec Ouattara et ses alliés fait rage. Le président sortant tente de contrer la paralysie de la filière cacao, entraînée en particulier par les sanctions de l'Union européenne, notamment l'embargo de fait sur les ports d'Abidjan et de San Pedro. Ce dernier est le premier port d'exportation de cacao au monde. M. B.