Est-ce le rêve de Martin Luther King qui prend forme ? Obama est élu en écrasant son rival McCain. Sa victoire franche et sans appel est une revanche des Démocrates contre les Républicains, certes, mais au-delà du show politique, les Américains veulent-ils lancer un message fort au monde entier après les deux mandats chaotiques de Bush junior qui a parachevé l'œuvre guerrière de son père ? Les Américains ont élu, avec autant d'enthousiasme que de détermination, un homme qui représente le parfait citoyen du monde tant il est la confluence de cultures, d'ethnies et de confessions conflictuelles. Un métis de père Noir africain, musulman du Kenya et d'une mère Blanche, catholique d'Amérique. Obama, fils du berceau de l'humanité, du continent le plus pauvre du monde et enfant de la plus grande puissance et du plus riche pays de la planète. Obama est ainsi donc le point de convergence des antagonismes de ce monde, de ses paradoxes et des rêves les plus fous, depuis celui de Martin Luther King et du Mahatma Gandhi jusqu'à celui des enfants du village de son père, Kogelo, qui ont voté symboliquement pour un des leurs et, au-delà, le rêve de tous les Africains de voir le monde changer du pire au meilleur. L'Afrique a-t-elle redonné à l'humanité une nouvelle espèce d'«homo politicus» comme elle a donné un jour Lucie, ancêtre de l'Homo sapiens et de l'humanité ? Le message de la majorité des Américains, ne réside-t-il pas justement dans cette volonté de répondre aux espoirs suscités par la candidature de ce citoyen du monde, ce sauveur de l'Amérique et messie de l'humanité ? Les Américains sont conscients de la responsabilité de leur pays dans l'ordre et le désordre mondiaux. Ils sont conscients de l'image négative qu'a le monde de leur pays depuis Reagan. Obama est l'élu des classes moyennes et des petites gens, victimes d'une politique économique mercantiliste et ultralibérale qui a entraîné dans son processus de récession l'économie mondiale. Les Américains veulent, donc, un changement radical au plan interne mais aussi un changement de la politique étrangère allant dans le sens d'une réelle justice et d'un réel rééquilibrage à travers le monde. Obama a été plébiscité par le peuple américain. Il a, ainsi, les coudées franches pour rompre avec les traditions d'une politique intérieure et étrangère basée sur les disparités, les déséquilibres, l'hégémonie et l'injustice de l'arbitre de fait. Cependant, quelle sera l'attitude d'Obama face à ces défis nationaux et planétaires qui l'attendent ? Sera-t-il fidèle à ses engagements et aux rêves de son icône qu'est Luther King et à ceux qu'il a suscités à travers le monde ou sera-t-il, comme tous ses prédécesseurs, l'otage des lobbies d'intérêts et des officines occultes de l'establishment ? Les Etats-Unis, en raison de leur puissance, sont capables du meilleur et du pire. Le monde accorde à Obama une période de grâce avant de le juger. A. G.