Zahoui (ent. de la Côte-d'Ivoire) : «La Zambie va nous poser d'énormes problèmes» Après la qualification de la Zambie, le Mali espérait suivre les pas de l'autre outsider de ces demi-finales face à la Côte d'Ivoire, à Libreville. Mais les Aigles sont tombés sur des Eléphants supérieurs et efficaces. Gervinho (45') a dessiné une victoire logique. Cette année, la CAN Orange porte donc bien son nom. Pelé sur la pelouse, Platini dans les tribunes, ça nous promettait du beau spectacle… sur le papier. Seydou Keita le soulignait fort justement avant la rencontre, la pression était bien sur les épaules des Eléphants qui avaient affiché leur désir d'aller au bout. Les ambitions des deux côtés étaient claires. Le 4-5-1 qui avait permis aux Maliens de réaliser le hold-up contre le Gabon était reconduit. De leur côté, les Ivoiriens pressaient haut avec un Drogba au taquet. Sa tête frappait la barre transversale (5'), avant que sa frappe puissante sur coup franc ne soit détournée in extremis (8'). Indispensable, la star de Chelsea montrait qu'il savait tout faire, comme à la 32', servi après un bon appel dans la profondeur, il fixait son défenseur, le dribblait avant de croiser trop sa frappe devant le but ouvert. Une histoire de numéro 10 Et quand la réussite le fuit, tout Batman a son Robin. Le super héros trouvait en Gervinho le second parfait. D'un raid solitaire, le Gunner mettait le turbo pour remonter tout le terrain côté droit, et venir tromper Diakité, d'une frappe enroulée côté opposé (45'). Il faisait ainsi honneur à ses glorieux aînés qui se trouvaient dans les tribune, eux aussi... des numéros 10 ! Le scénario était ensuite écrit à l'avance. Fidèle à la philosophie zahouiesque, les Eléphants ne prenaient pas de risques et se barricadaient dans la savane, procédant par contres. Le Mali pointait son nez par intermittence, comptant, en l'absence de Maïga, sur sa sentinelle Diabaté, au duel avec la charnière Kolo Touré-Bamba. Yatabaré paniquait la défense ivoirienne, mais butait sur son coéquipier, à terre, d'une frappe mal assurée (20'). Les coéquipiers de Keita surprenaient même par une aisance entrevue à la 39'. Les Aigles cloués au sol Pendant plus d'une minute trente, les Aigles conservaient la balle. Mais le plus souvent, les coéquipiers de Keita ne passaient pas une moitié de terrain verrouillée par la triplette Yaya Touré-Zokora-Tioté. Les Aigles ne parvenant jamais vraiment à se révolter, ne connaissant pas l'insolente réussite qui les avaient bercés à la fin du match contre le Gabon. Yatabaré voyait donc sa frappe (72') s'envoler d'un cheveu. Avec une nouvelle prestation sérieuse et une cage inviolée, la Côte d'Ivoire continue sa marche inexorable vers la victoire finale. Miraculé de ces demies, le Mali n'avait ni les ressources tactiques ni les individualités pour inquiéter la machine de guerre ivoirienne. Rendez-vous dimanche 12 février, à Libreville, pour l'explication finale contre la Zambie. --------------------------------------------------- Zahoui (ent. de la Côte-d'Ivoire) : «La Zambie va nous poser d'énormes problèmes» Toujours sérieux en conférence de presse, presque placide, François Zahoui a apprécié la qualification de son équipe pour la finale de la CAN, insistant sur le fait que la mission n'était pas encore accomplie. Quel est votre premier sentiment, après cette courte mais précieuse victoire des Eléphants ? Un sentiment de fierté. En venant ici, on avait six finales à jouer. Il nous en reste une. Il y a une grosse attente autour de nous. Après nos échecs, la finale perdue aux tirs au but en Egypte (2006) notamment, cette équipe a à cœur d'aller au bout. On sait que toute la Côte d'Ivoire prie, est derrière nous, on veut ramener ce trophée à Abidjan. Le Mali vous a opposé une belle résistance... Oui, j'ai été surpris par la qualité de jeu proposée par les Maliens. Cela prouve tout le bon travail qu'Alain Giresse a fait en amenant son équipe en demi-finale. Ils ont prouvé qu'ils n'étaient pas là par hasard. Avec l'élimination du Ghana, vous êtes désormais les grands favoris de cette CAN. Quel regard portez-vous sur la Zambie, votre prochain adversaire ? On s'attend à un match difficile dimanche. Cela va se jouer sur des détails. Ça va être une belle finale. Quand j'ai vu Hervé Renard dans le studio, je l'ai d'ailleurs félicité pour la qualité de jeu qu'il propose. Ils ont de très bons jeunes. On sait que cette équipe va nous poser beaucoup de problèmes. À nous de savoir les résoudre. Vous donnez l'impression d'avoir gagné votre pari, en posant votre griffe sur les Eléphants... Le courant est passé entre eux et moi, même si au départ il y a eu des doutes et des réticences. J'ai une équipe de stars qui jouent dans de très grands clubs et qui ont connu de très grands entraîneurs. Mon projet a été d'apporter une émulation, une concurrence dans cette équipe. J'ai intégré des joueurs locaux aussi. Je savais qu'il y avait des doutes à ma nomination, mais j'ai eu la chance moi aussi de porter ce maillot et de faire une carrière. Et l'appui notamment du président Jacques Anouma qui m'a mis dans les meilleures dispositions pour travailler. --------------------------- Copa Barry : «La vedette, c'est le groupe» Copa Barry se révèle enfin. A l'occasion de sa cinquième Coupe d'Afrique des nations, le gardien de la Côte d'Ivoire s'est brillamment illustré. Le numéro 1 des Eléphants, finaliste de la CAN-2012, n'a pas encore pris de but. Une satisfaction pour le joueur de Lokeren qui, à 32 ans, a pris le temps de discuter avec Afrik-Foot. Copa, vous voilà en finale, après avoir battu le Mali. Comment vous sentez-vous ? On est venus pour jouer six finales. On en a déjà gagné cinq et, en plus, on n'a pas pris de but. C'est bien. On est costauds derrière. On est solidaires devant, au milieu et derrière. Chacun apporte sa pierre à l'édifice et là, nous voilà en finale. On savoure, mais trop longtemps... On va essayer de préparer tranquillement la finale, face à la Zambie. Justement, ce parcours sans faute rappelle celui de 1992, année du dernier titre de champions d'Afrique des Eléphants… Ah bon ? Je ne savais pas qu'ils avaient eux aussi fait un parcours avec zéro faute comme celui-là. C'est un bon signe pour nous, tant mieux. Mais j'espère surtout finir la finale avec le trophée. Maintenant, il faut garder les pieds sur terre : c'est bien de n'avoir pris aucun but, mais dans deux-trois jours, il y a un match contre une très bonne équipe de Zambie. On vous sent plus serein, plus sûr de vous par rapport à ces dernières années où vous aviez été critiqué… Moralement, ça va, c'est vrai. J'ai appris de mes erreurs passées. Les soucis sont oubliés. Je n'ai jamais renoncé, j'ai été patient. Avant, j'étais encore jeune et je jouais contre de grands joueurs des grands championnats. Moi, je joue dans un petit championnat, mais je suis très bien accepté par le groupe. Je suis plus mature, mais je ne suis pas encore arrivé. J'espère que ça va continuer. Vous jeûnez en période de compétition. C'est important pour vous ? Très important. Pour aller loin, il faut faire des sacrifices. Chacun fait ça de son côté. Moi, avant chaque match, je jeûne. Ça me purifie, ça me rend encore plus fort. Avant cette CAN, on parlait des attaquants, des Drogba, des Gervinho... Finalement, c'est vous le héros. Non. La vedette, c'est l'état d'esprit, c'est le groupe. On est vingt-trois. Le coach l'a dit, une CAN se gagne avec vingt-trois joueurs. Tout le monde veut jouer, veut porter les couleurs de la Côte d'Ivoire. Mais le plus important, c'est le banc. On a conscience que l'on est soutenu par les fans, par les journalistes, par le staff, par les dirigeants, par le peuple... A titre personnel, vous devez être content de cette série d'invincibilité ? J'avais déjà vécu ça en club. J'avais fait six, sept matches sans prendre de but. Jamais en équipe nationale. Maintenant, ça paye. Je suis content pour le groupe. ------------------------------- Alain Giresse (ent. du Mali) : «On a manqué d'expérience» «On a dû se priver de deux joueurs. On peut être fiers du match qu'on a disputé. Il n'a pas manqué grand-chose mais à ce niveau, ce détail est important. Prendre un but à ce moment, juste avant la mi-temps, c'est difficile. On est presque arrivés à bousculer cette équipe. On a mesuré ce qui fait la différence entre des joueurs qui ont une expérience du très haut niveau et une équipe qui est en train de se construire. Le Mali s'est élevé pour être au niveau de cette demi-finale. On va retrouver le Ghana qu'on a joué au 1er tour. Mais ce match pour la 3e place est toujours très particulier, c'est l'affrontement entre deux équipes qui ont perdu. Il y a un aspect moral important, car chaque équipe est touchée moralement. Je ne peux pas savoir dans quel état moral sont les joueurs mais c'est mieux de finir 3e que 4e. Mais l'approche est toujours particulier, c'est pourquoi il y a des compétitions où cette finale n'existe pas.»
