L'Algérie dispose de potentialités importantes en plasturgie, mais son apport à la croissance économique demeure très faible. Les raisons sont multiples, absence de dialogue entre les différents acteurs du secteur, marché déconnecté des mutations qui surviennent dans le monde. Il y a également absence d'une stratégie industrielle bien définie pour que le marché soit structuré. "Si la priorité sera donnée pour développer l'activité de l'industrie plastique à l'exportation, le secteur sera un créneau porteur de richesses et créateur de milliers d'emplois" a relevé M. Halfaoui, expert industriel, hier, à Alger. En effet, lors d'un atelier qui a rassemblé les professionnels de l'industrie plastique autours des défis qui se dressent devant l'activité, notamment la veille Technologique qui s'articule autour de l'innovation, M. Halfaoui, qui s'exprimait durant cet atelier tenu en marge du Salon Expoplast, reconnait que l'innovation dans le secteur de la plasturgie est au stade "embryonnaire", en rappelant que la question de veille technologique n'est pas spécifique à la plasturgie, elle concerne tous les secteurs de l'environnement économique national. Il a, à ce sujet, donné un exemple réel qui illustre la conséquence de l'absence de veille technologique. "L'absence de veille technologique a saboté l'industrie de la chaussure parce qu'on ne savait pas que la matière utilisée pour la fabrication de semelles de chaussures était du plastique recyclé. Cette matière ne permettait pas une adhésion efficace dans le processus de fabrication de la chaussure. Ce qui a conduit à des perte importante à l'unité de production puis sa fermeture." L'expert reconnaît également la difficulté même de dresser un état des lieux en l'absence de statistiques officielles. "Jusque-là rien n'est fait pour ce secteur. Il n' y a pas d'étude qui puisse éclairer sur la situation qui prévaut dans la plasturgie et ses filières. Aucune information fiable pour dresser un état des lieux, pour poser les questions et en apporter les réponses adéquates", a-t-il constaté, en entamant son exposé sur la situation du secteur. Bien que l'Algérie dispose de matières premières qui sont, entre autres, les dérivés du gaz et du pétrole, elle reste devancée par ses voisins maghrébins, le Maroc et la Tunisie, qui eux se plaignent du manque de la matière première alors ils sont plus développés dans la plasturgie. Il existe 600 entreprises employant 10 000 salariés en Algérie. Ce chiffre est loin de satisfaire les besoins nationaux en la matière. L'Algérie importe la moitié de ses besoins en produits plastiques. "Les différents produits plastiques présents sur le marché national sont pour la plupart des produits d'importation qui n'obéissent pas aux normes de qualité, alors que les autorités publiques imposent des normes strictes pour les opérateurs nationaux" a révélé l'expert qui tire la sonnette d'alarme pour sortir de la léthargie qui caractérise le secteur. Même constat pour l'activité à l'exportation. Le marché est désarticulé par rapport aux mutations mondiale. "On ne peut pas parler de démarche entrepreneuriale en étant aveugle sur ce qui se passe de par le monde. Le marché national n'est pas structuré, il est dans l'inertie" a-t-il dit. Concernant l'activité du recyclage, M. Halfaoui a également constaté l'absence de structure de recyclage de déchets. Selon lui, "il n'y a que des structures de ce genre qui opèrent dans l'informel en l'absence de chiffres officiels, en rappelant l'impact sanitaire de certains produits plastiques interdits dans la plupart des pays parce qu'ils présentent des risques pour la santé du consommateur, mais ils restent commercialisés en Algérie et même normalisés". De son côté, le commissaire du salon Expoplast, M. Naoum Benamar, a monté l'historique de la plasturgie en Algérie, avant de recommander la restructuration du secteur sur des bases plus solides. Dans ce sens, il a appelé l'ensembles des acteurs du secteur à la tenue prochainement des assises nationales de la plasturgie. D'ailleurs, il a suggéré de se donner rendez-vous le 4 mai prochain à l'hôtel Hilton pour restructurer le secteur de la plasturgie autour de la réflexion des assises nationales du secteur, à l'occasion de la journée de veille technologique dédiée à la plasturgie.