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La digne héritière de Rimiti à l'affiche
Cheikha Rabia en tournée parisienne
Publié dans Le Maghreb le 21 - 07 - 2007

Elle est la digne héritière de la Rimiti, son aînée. Cheikha Rabia est comme Rimiti, cette voix androgyne sortie tout droit des faubourgs de Relizane avant d'atterrir dans les nuits des cabarets sulfureux.
Son nom, elle l'a fait là-bas à l'Hexagone, où elle a enregistré ses premiers tubes, en prenant les départs réguliers dans les arènes européennes. Aujourd'hui, elle animera un spectacle au 18e au Lavoir moderne Parisien. Un spectacle qui clôture une série de rendez-vous artistiques entamés depuis le 18 du mois en cours dans la capitale parisienne. Pendant cette soirée, Cheikha Rabia proposera au public quelques titres de Liberti, son dernier opus qui sortira en début d'année ainsi que ses plus grands succès tels Ana Hak ou Karima et certain titres du repertoire de la grande Cheikha Rimitti, tel un hommage musical éternellement rendu à la diva, mais aussi à toutes les Cheikha. Elle est l'une des rares cheikhate à avoir conservé un style entre le blues rural et le raï. Son dernier album produit par le label parisien Dinamyte est le suc d'un authentique et nouveau style entre Maghreb et Paris. Réalisé par Dinah Douïeb et publié, Liberte délivre des complaintes à l'énergie tellurique, sur le rythme d'une gasba et d'un galal (tambour). La voix chaude et androgyne de cheikha Rabia célèbre une tradition poétique et rythmique à la racine de ce qu'on appelle aujourd'hui le raï. Originaire de Relizane dans l'ouest algérien, grandie au sein d'une famille nombreuse, Rabia est la fille d'un coiffeur, revenu amputé des pieds à la fin de la grande guerre, et d'une couturière. Très tôt au contact du chant des fameux ensembles féminins appelés " Meddahate", elle s'initie aux fondamentaux du chant gharbi. d'Oran à Alger où elle restera une décennie, elle découvre la nuit des cabarets. A Paris ensuite, où elle s'établit à partir de 1977, la chanteuse continuera de se produire dans les cafés de l'immigration algérienne. Révélée à un plus large auditoire avec la publication en 1999 de Ana hak (Je suis comme ça), un premier album sorti chez Virgin France, Cheikha Rabia peut enfin alterner les apparitions au Béjaïa club, un bar du 18e arrondissement de Paris, avec des scènes plus importantes et des festivals en France, en Belgique, en Suisse et aux Pays-Bas. Lorsque Cheikha Rimiti disparaît d'une crise cardiaque au printemps 2006, c'est tout naturellement à Cheikha Rabia que l'on fait appel pour rendre hommage à la doyenne du raï au Théâtre antique d'Arles, puis à l'Institut du monde arabe.
A 14 ans déjà elle s'initie à tous les répertoires, même ceux interdits aux femmes, celui des " Chioukh ou Cheikh", " ces “Maîtres" qui célèbrent la poésie bédouine et improvisent sur l'actualité, des chants agrémentés par l'harmonieuse musicalité de la flûte de bambou, la Gasba. C est le croisement de ces deux profondes traditions, l'une masculine et l'autre féminine, qui, plus tard, donnera naissance au raï. Une nouvelle musique populaire est née de la rencontre entre le chant et les percussions des Meddehate, et celui des flûtes des " Cheikh " d'où le nom de cheikha ("maîtresse chanteuse") donné, dès l'âge de 18 ans à Rabia " comme l'explique la journaliste Eliane Azoulay (" Les Maîtresses du Rai ", article paru dans Télérama le 10/2/99). C'est dans les années 60 que l'artiste s'établit à Alger où elle rencontre un autre public qui l'appréciée. Elle est, par la suite, décidée à s'installer, avec ses parents, à Alger où, durant plus d'une décennie, elle va se produire régulièrement dans les clubs et cabarets. A Alger, Rabia se marie et fait des enfants. En 1977, la chanteuse trentenaire quitte la capitale algérienne pour la capitale française, où elle achète un bistrot, rue des Pyrénées, tout en continuant à se produire dans les petits cabarets communautaires de la capitale (de Stalingrad à la Goutte d'Or) devant cette première génération des immigrés de l'Ouest Algérien. Quand elle divorce, une période difficile s'annonce pour elle : elle doit se consacrer à l'éducation de ses enfants et elle n'a pas d'autre choix que d'arrêter le chant. Cinq ans plus tard, elle vend son café et recommence à chanter le week-end afin de ne pas perdre sa voix. Depuis, pour entretenir sa voix rauque et sensible, Cheikha Rabia ne se permet aucun relâchement : elle cumule les dates de concerts, alternant les passages dans les festivals de renom comme dans les centres culturels de banlieue, les bistrots ou les salles prestigieuses.


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