Le conglomérat industriel General Electric, en pleine transformation, a renoué avec les bénéfices au deuxième trimestre dans un environnement économique volatil sous le coup du Brexit qui semble affecter ses commandes. Entre avril et juin, le groupe, nouvellement installé à Boston, a dégagé un bénéfice net de 2,74 milliards de dollars contre une perte de 1,36 milliard à la même période un an plus tôt. C'est l'un de ses plus gros profits trimestriels depuis 2011. Son chiffre d'affaires a bondi de 14,6% à 33,49 milliards de dollars bien meilleur que les 31,76 milliards escomptés. Ce bond des revenus, le plus fort depuis de nombreuses années, est de nature à apaiser les craintes des marchés sur l'impact pour les multinationales de la dégradation de la conjoncture en Chine et dans les pays émergents et du ralentissement en Europe sur fond de taux d'intérêt négatifs et de sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne (Brexit). La diversité et la taille de notre portefeuille ont permis à l'entreprise d'enregistrer une belle performance en dépit d'une croissance économique volatile et ralentie, a expliqué le P-DG Jeffrey Immelt. Seul bémol: les activités du groupe à destination des secteurs pétrolier et gazier restent confrontées, selon M. Immelt, à un environnement difficile du fait du plongeon des prix du pétrole. Ceci a fait reculer de 1% à 24,4 milliards de dollars les recettes générées par les activités industrielles.
Plongeon des commandes Aux commandes depuis 2001, M. Immelt a entrepris un virage stratégique visant à recentrer GE sur ses racines industrielles: fabrication des turbines à gaz, centrales électriques, moteurs d'avions, équipements médicaux. Il a ainsi décidé de démanteler GE Capital, le bras financier, et de muscler le pôle énergie en rachetant des activités du fleuron industriel français Alstom pour ce qui est la plus grosse acquisition de l'histoire de GE. Cette transformation arrive quasiment à son terme puisque GE vient finalement d'être retiré de la liste américaine des entreprises dont la faillite menacerait le système financier. C'est un soulagement pour le groupe car cette décision l'affranchit de conserver des marges de fonds propres importantes. A fin juin, le carnet de commandes du co-fabricant des moteurs d'avions de nouvelle génération Leap a progressé de 1,27% sur trois mois à 320 milliards de dollars, tandis que les ordres de commandes ont diminué de 2% voire même de 16% à périmètre constant quand on exclut en effet celles reçues par Alstom. En dépit de ce tableau contrasté, GE a confirmé ses objectifs financiers annuels d'une croissance organique de 4% de son chiffre d'affaires annuel et d'un bénéfice par action ajusté compris entre 1,45 et 1,55 dollar en 2016, soit un milieu de la fourchette exactement conforme aux attentes des analystes qui sont de 1,50 dollar. A Wall Street, le titre perdait 2,42% à 31,80 dollars dans les échanges électroniques de préséance. Nous nous attendons à une forte croissance organique dans la seconde moitié de l'année et réaffirmons (ainsi) notre projet opérationnel, a assuré Jeffrey Immelt. Outre la montée en puissance des activités industrielles, la confiance du dirigeant tient au fait que GE a trouvé un nouveau créneau de croissance: le numérique dont les commandes ont bondi de 15% au deuxième trimestre pour une hausse de 17% des revenus. GE a en effet créé dans la Silicon Valley à San Ramon (Californie) un centre de recherche et de développement destiné à ingérer et traiter des informations en provenance des systèmes industriels. Le but est de concevoir des applications et logiciels afin de proposer de nouveaux services associés aux équipements industriels connectés. Il pourrait ainsi vendre des applications permettant de surveiller les machines de sorte qu'il serait possible d'anticiper le remplacement des pièces défectueuses. Pour mieux affirmer ses ambitions dans le numérique, GE vient de s'associer à Microsoft dans le cloud, faisant le pari que l'informatique dématérialisée est la solution la moins coûteuse pour certains de ses clients car, grâce à elle, ils n'auront plus besoin de lourdes infrastructures locales pour la maintenance des équipements informatiques.