Le parquet de Milan a ouvert une enquête sur Vincent Bolloré, président du conseil de surveillance de Vivendi, en raison de soupçons de manipulation de marché après la montée du groupe français au capital de l'italien Mediaset, contrôlé par la famille Berlusconi, a-t-on appris vendredi d'une source informée de cette initiative. Cette enquête va tempérer les spéculations sur une issue prochaine au différend entre la famille Berlusconi et Bolloré, révélé en juillet lorsque Vivendi avait renoncé à un accord d'échange d'actions pour le rachat de Premium, la filiale de télévision payante de Mediaset. Un espoir de règlement s'était fait jour jeudi après que le président du directoire de Vivendi, Arnaud de Puyfontaine, lui aussi visé par l'enquête selon la source, eut déclaré que son groupe restait ouvert à bâtir une "solide relation d'affaires" avec Mediaset. Vivendi a confirmé vendredi que certains de ses dirigeants, qu'il n'a pas nommés, faisaient l'objet d'une enquête du parquet italien à la suite d'une plainte de Fininvest, actionnaire de contrôle de Mediaset, qualifiée d'"abusive et sans fondement" par le groupe français de médias. "L'inscription des dirigeants de Vivendi dans le registre de la Procure de Milan est la conséquence de la plainte sans fondement et abusive déposée par les Berlusconi contre Vivendi après sa montée au capital de Mediaset", déclare Vivendi dans un communiqué sans préciser l'identité des dirigeants concernés. "Cette inscription en l'état n'indique en aucune façon une quelconque accusation contre quiconque." Vers 16h10 GMT, Mediaset est en baisse de 1,34% à la Bourse de Milan tandis que Vivendi cède près de 4% à la Bourse de Paris au lendemain de la publication de ses résultats 2016, grevés par les difficultés de sa filiale de télévision Canal+ en France. Après avoir révélé en décembre qu'il possédait 3% de Mediaset, Vivendi a rapidement gonflé sa participation dans le groupe italien de médias au point d'en devenir le deuxième actionnaire derrière la famille Berlusconi avec une part légèrement inférieure à 30%.
Une peine maximale d'emprisonnement de six ans Une source proche du parquet de Milan a dit que l'enquête concernant Bolloré et Puyfontaine relevait d'une loi de 1988 interdisant la dissémination de fausses informations qui peuvent influer sur le cours des actions. La manipulation de marché est passible d'une peine maximale d'emprisonnement de six ans et d'une amende pouvant atteindre jusqu'à cinq millions d'euros, voire plus en fonction des circonstances. Le parquet de Milan avait ouvert en décembre une enquête préliminaire au sujet de cette montée de Vivendi au capital de Mediaset. Cette initiative ne visant aucune personne ou entité en particulier faisait suite à une plainte de Fininvest, la holding familiale de Silvio Berlusconi, actionnaire majoritaire de Mediaset. Les autorités italiennes se sont émues de l'offensive sur Mediaset de l'homme d'affaires français qui est aussi le premier actionnaire de Telecom Italia et détient une participation importante dans la banque d'affaires transalpine Mediobanca, laquelle contrôle le principal assureur du pays Generali. Rome a prévu d'inclure dans le projet de loi sur la concurrence en cours d'examen par le Parlement des dispositions visant à renforcer les dispositions en matière de divulgation de franchissements de seuil dans le capital des sociétés cotées. Le ministre de l'Industrie Carlo Calenda a dit vendredi que les nouvelles règles s'appliqueront à toute tentative d'achat de 5% au moins du capital d'une société cotée et s'inspireront de celles existant actuellement en France et aux Etats-Unis. Vivendi a nié qu'il projetait de prendre le contrôle de Mediaset. Aux termes de la réglementation boursière italienne, le groupe de médias français serait contraint de lancer une offre publique d'achat sur l'intégralité des actions de Mediaset s'il franchissait le seuil des 30% de son capital.