Est-ce que la m�sentente incessante est synonyme de d�mocratie ? Pour r�pondre � cette question, le CCF d�Annaba a fait appel � M. Etienne Tassin, qui �tait son invit� samedi apr�s-midi. Professeur � l'Universit� de Paris VII Denis-Diderot, il enseigne la philosophie politique et se sp�cialise depuis 20 ans dans la pens�e de Hannah Arendt. Il a publi� plusieurs ouvrages d��tudes sur ce th�me dont, en 1999, Le tr�sor perdu, aux �ditions Payot. Il a �galement publi� Hannah Arendt l�intelligence de l�action politique ainsi que Hannah Arendt : crises de l�Etat-Nation (ouvrage collectif, Sens et Tonka, 2007). D�embl�e, l�intervenant a voulu mettre l�accent sur ce qui diff�rencie la science politique de la philosophie politique. La science est la connaissance des ph�nom�nes ob�issant � des lois et v�rifi�s par des m�thodes exp�rimentales ; quant � la philosophie, elle vit de l�incertitude et du doute, ce qui cr�e le questionnement permanent. Aujourd�hui, la science politique devient ins�parable de la philosophie politique � laquelle elle est unie par un lien de compl�mentarit�. Par ailleurs, le conf�rencier a �voqu� la notion de d�mocratie sous un angle original : �La d�mocratie est la m�sentente, � ne pas confondre avec un diff�rend ou un malentendu.� Si cette situation existe, cela veut dire que la soci�t� est en bonne sant�. Puisque les avis changent et varient d�un individu � l�autre, la meilleure situation serait que chacun puisse mettre en ex�cution son avis au sein du �vivre ensemble�, qui est l��l�ment fondamental d�une vie harmonieuse en soci�t�. Cette vision d�signe une conception dynamique de la d�mocratie, caract�ris�e par l�accent mis sur deux �l�ments fondamentaux : la conflictualit� et la transversalit�, per�ues comme les m�canismes constitutifs du politique d�mocratique. Moins qu�un cadre formel achev�, celui-ci devient un projet substantiel mais ouvert, une dynamique en cours de r�alisation. Toutefois, il ne faudrait pas que la conflictualit� d�g�n�re et devienne une conflictualit� terroriste ou guerri�re. La d�mocratie propre exclusivement aux soci�t�s modernes ? D�autre part, l�intervenant s�est appuy� sur l�argument du philosophe Claude Lefort, d�c�d� en octobre dernier. Consid�r� comme l�un des plus grands penseurs contemporains, pour Lefort la d�mocratie est un registre symbolique particulier et non une forme d�termin�e de pouvoir, ce qui ne va pas sans poser quelques probl�mes et notamment la question de savoir si la d�mocratie est propre exclusivement aux soci�t�s modernes, ce que semble impliquer sa conceptualisation. En outre, le conf�rencier a tenu � faire une br�ve chronologie qui retrace les �tapes de la philosophie politique depuis la Seconde Guerre mondiale jusqu�� ce jour. Il a aussi �voqu� comment l�Etat a �t� pens� � travers l�Histoire (souverainet�, gouvernementalit� et proc�duralit�) et les causes qui ont boulevers� l�id�e de l�Etat (totalitarisme, guerres d�ind�pendance, globalisation �conomique) ; ce qui a engendr� la critique vis-�-vis de l�Etat puis sa contestation. Un d�bat passionnant s�est instaur� entre conf�rencier et assistance, un �change vif d�id�es qui a dur� deux heures. Le conf�rencier a cl�tur� le d�bat en lan�ant : �On devrait faire, aujourd�hui du �globalitarisme�, ce que Hannah Arendt a fait dans les ann�es quarante du �totalitarisme�.�