Ce qui devait �tre un proc�s de diffamation s�est transform� hier, au tribunal Abane-Ramdane, en un proc�s pour les droits de l�ensemble des d�tenus tortur�s et humili�s au sein des �tablissements p�nitentiaires alg�riens. Le journaliste Arezki A�t Larbi a comparu hier devant le tribunal d�Alger pour r�pondre des attaques pour diffamation qui lui ont �t� inflig�es par l�ancien directeur central charg� de l�application des peines au minist�re de la Justice (1994), M. Abdelkader Sellat, qui a d�ailleurs �t� charg� par la suite de ce d�partement. Prisonnier politique en 1986, pour avoir �t� l�un des fondateurs de la premi�re Ligue alg�rienne de d�fense des droits de l�homme, le journaliste a publi� en 1994 un article sur l�hebdomadaire fran�ais l��v�nement un article sur les conditions carc�rales au p�nitencier de Tazoult- Lamb�se, o� il a purg� sa peine. En 1997, le juge d�instruction a d�livr� un mandat d�arr�t contre Arezki A�t Larbi. Condamn� par d�faut � six mois de prison ferme, le journaliste ne sera inform� du verdict qu�en 2006, lorsque la police bloque le renouvellement de son passeport. La situation s�est d�bloqu�e et tout semblait rentrer dans l�ordre. Le 26 avril 2007, l�affaire refait surface et le journaliste fut arr�t� � l�a�roport Houari-Boumediene et mis sous mandat de d�p�t. Le proc�s d�hier s�est toutefois d�roul� en l�absence du plaignant, des repr�sentants de la partie civile et des avocats de M. Sellat. Par ailleurs, la d�fense a jug� utile de faire appel � plusieurs personnalit�s politiques t�moins des faits rapport�s par le journaliste dans son article �jug� diffamatoire�. Me Ali Yahia Abdenour, ex-pr�sident de la LADDH, Ali Fawzi Reba�ne (AHD 54), Aboud Arezki, ancien d�tenu, se sont succ�d� hier � la barre pour relater les conditions bestiales et inhumaines de d�tention. Le proc�s d�hier a, en effet, ouvert le d�bat sur la question de torture et d�humiliation dans les �tablissements p�nitentiaires. �On a �t� plac�s dans des cellules des condamn�s � mort. On a �t� ligot�s et tortur�s pendant quatre jours�, t�moigne M. Reba�ne. �La torture est un fait av�r� dans nos prisons. M�me les Fran�ais n��taient pas aussi inhumains que ces gardiens de prison qui nous ont fait subir toutes les formes de s�vice et de torture�, raconte Me Ali Yahia Abdenour, en affirmant avoir d�nonc� � plusieurs reprises ce qui se passait dans les t�les, sans que le minist�re de la Justice soit interpell�. Visiblement embarrass�e par la tournure qu�a prise ce proc�s, la juge revenait � chaque fois � la charge pour rappeler le contexte du proc�s, qui est celui de la diffamation. Seulement, la d�fense est plus que jamais convaincue et convaincante que �le contexte dans lequel l�article incrimin� a �t� r�dig� ne peut pas �tre s�par� des faits qui ont lieu dans la prison de Lamb�se. �Mon client, de par sa profession de journaliste a d�nonc� la torture par un �crit dans la presse. Il aurait pu faire un rapport et l�adresser au ministre de la Justice. Il n�avait aucune intention de diffamer �, a soutenu Me Hanoune, avocat de la d�fense. Ce dernier a insist� sur la ratification par l�Alg�rie des conventions internationales pour la protection des droits humains. Succ�dant les uns les autres � la tribune, les avocats de la d�fense ont exprim� leur indignation face au silence affich� par le minist�re de la Justice, concernant des faits aussi gravissimes que ceux de la torture et de l�humiliation. �Si notre justice ne traite pas cette probl�matique de torture au sein de nos prisons, notre devoir en tant qu�avocats et d�fenseurs des droits humains est d�aller plaider cette cause au sein des instances et tribunaux internationaux�, a soulign� une avocate. Cette derni�re s�est �tal�e �galement sur l�aspect ill�gal des proc�dures d�arrestation et d�introduction du journaliste devant la cour. Elle a signal� que le dossier ne comporte aucun �l�ment, encore moins un article du code de l�information, qui fait foi de l�existence d�une phrase diffamatoire. La d�fense ne comprend pas l�absence r�p�t�e de la partie plaignante, afin qu�elle apporte ses preuves sur la diffamation. Pour sa part, Me Bourayou affirme que le proc�s de son client est �exclusivement� politique. Selon lui, les derni�res publications du journaliste dans les colonnes du Figaro, se rapportant � l�affaire Khalifa, sont � l�origine du rebondissement de cette affaire. �Sinon comment expliquer l�introduction des coupures des articles sur l�affaire Khalifa dans le dossier de mon client ?� s�interroge-t-il. Un fait �galement intrigant dans cette affaire effectivement c�est l�absence du plaignant. M. Sellat qui a �t� directeur de campagne, en 2004, du candidat � la pr�sidentielle M. Ali Benflis, a port� dans ses valeurs celles de la libert� de la presse et d�expression. Une avanc�e consid�rable comparativement � 1994, date du d�p�t de la plainte. Certaines sources affirment que M. Sellat serait g�n� de compara�tre devant le juge sur cette affaire. A signaler que le verdict est pr�vu pour le 30 mai. Le procureur g�n�ral, quant � lui, a demand� l�application de la loi.