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MA VIE � CONTRE-CORAN DE DJAMILA BENHABIB
Le combat contre toute emprise du religieux sur le politique et pour la la�cit�
Publié dans Le Soir d'Algérie le 12 - 10 - 2009

Auteure de Ma vie � contre-Coran, pour son premier ouvrage, notre cons�ur Djamila Benhabib n�a pas �crit un roman mais un essai, son propre t�moignage sur ce qu�elle a v�cu en Alg�rie (Oran) aux pires moments (mais y en a-t-il eu de bons, depuis ?) et qui l�ont amen� en 1994 � s�exiler avec sa famille en France, puis seule au Canada o� elle r�side actuellement. Alors qu�elle pensait avoir fui la barbarie islamiste, elle la retrouve rampante, utilisant la d�mocratie �pour mieux lui tordre le cou�.
De notre bureau � Paris, Khadidja Baba-Ahmed
L�ouvrage fait une large place � la situation que vivent les femmes immigrantes musulmanes ou de culture musulmane dans leur pays d�accueil et les entorses, y compris juridiques, que leur appliquent ces pays dits de libert� en leur appliquant les lois du pays d�origine en mati�re de litiges matrimoniaux. Cet essai extr�mement document� tombe � pic : �accommodements raisonnables au Canada� qui ont d�ailleurs failli aboutir � la cr�ation de tribunaux islamistes ; voile ou burqa en France� Et d�autres encore �tol�rances� ou collusions faites au nom du relativisme culturel et qui mettent � mal la la�cit�. Le combat de l�auteure est justement l�, dans la la�cit�, et ne date pas d�aujourd�hui, parce que ses parents, militants du PAGS, lui ont appris tr�s jeune que le bonheur de l�individu n�a de sens que dans un monde juste et solidaire et que d�s lors qu�une religion s�affiche ostensiblement dans la sph�re publique, il y a danger. Son combat est aussi f�ministe �parce qu�on meurt d��tre femme lorsqu�on na�t musulmane� et que �le combat pour l��galit� entre hommes et femmes est indissociable de celui pour la d�mocratie� et qu��en d�mocratie, la libert� d�opinion, de parole et de conscience est un droit essentiel�. C�est son combat, elle l�explique et analyse avec la rigueur de la scientifique qu�elle est (dipl�m�e de physique de sciences politiques et de droit international) ce qui fonde r�ellement l�islamisme, ses vis�es politiques, sa strat�gie et ses nouveaux visages. Si l�int�grisme, dit-elle, �demeure l�expression d�une minorit� de musulmans � travers le monde, ses r�percussions sont d�sastreuses, en premier lieu dans les soci�t�s musulmanes elles-m�mes. Et parce que le discours islamiste se pose en alternative au despotisme des gouvernants arabes et musulmans�, l�auteure qu��aucun des nasillons verts ne feront taire� a parfaitement r�ussi � montrer les v�ritables vis�es de l�islamisme qui ne pourra jamais constituer une alternative. Et sur les perspectives chez nous, elle dit encore : �Si nous continuons � faire autant de place au religieux dans la gestion des affaires de la cit� nous serons condamn�s � ne jamais rattraper le train de l�histoire et � vivre en �ternel figurants.� Ecoutons-l�, elle r�pond depuis le Canada aux questions du Soir d�Alg�rie.
K. B.-A.
Le Soir d�Alg�rie : Les convulsions du pass�, si elles ne sont pas d�samorc�es � temps, finissent par exploser en d�rive sanguinaire dites-vous dans votre ouvrage pour expliquer l�intrusion de l�islamisme dans la sph�re politique et les d�sastres qu�il engendre. C�est ce qui s�est pass� en Alg�rie ? Bri�vement, comment se sont manifest�es ces convulsions ? L�absence de d�samor�age ne r�pondait-elle pas � la volont� d�lib�r�e de ceux qui se sont succ�d� au pouvoir de pactiser avec les islamistes pour pr�server leur pouvoir ? Ou pour certains parce que le combat politique des islamistes se confond aussi avec le leur, m�me s�ils s�en d�fendent ?
Djamila Benhabib : Je faisais r�f�rence au mouvement National alg�rien qui �tait porteur d�un id�al de lib�ration. Seulement, l�ind�pendance, aussi importante soit-elle dans le processus d��mancipation d�un peuple, ne peut se vivre comme une finalit� en soi. Certes, elle est une �tape importante et n�cessaire, cependant, pour qu�elle puisse prendre tout son sens, il faut l�accompagner d�un projet de soci�t�. La question s�est pos�e tr�s t�t, � savoir quel projet de soci�t� pour l�Alg�rie. La r�ponse se trouve dans la place qu�on a faite � Abane Ramdane. Le fait qu�on ait assassin� l��l�ment le plus politique de tous, le plus �clair�, celui qui �tait en faveur du pluralisme politique et linguistique, �tait significatif de l�orientation choisie. A travers lui, c��taient les balbutiements d�mocratiques que l�on assassinait. La suite nous la connaissons, l�Etat alg�rien a �t� le produit d�un large amalgame de visions antinomiques. C�est ce que El-Hachemi Cherif a appel� l�hybridit� de l�Etat et j�avoue que j�aime bien ce concept que je reprends volontiers � mon compte. L�exp�rience alg�rienne nous montre qu�un projet de soci�t� qui porte en lui une chose et son contraire ne peut marcher � long terme car t�t ou tard, les contradictions finissent par s�exacerber, �clater et se transformer en violence. En d�finitive, l�islamisme politique ne peut coexister avec la d�mocratie car l�un est la n�gation de l�autre. C�est pour cela d�ailleurs que les tensions entre les deux sont si fortes.
�On meurt d��tre femme lorsqu�on na�t femme musulmane� et par ailleurs, �voquant votre scolarit� en Alg�rie, vous dites : �Lorsque mes interrogations devenaient inquisitrices aux yeux des enseignants, je les refoulais de toutes mes forces. Je comprenais qu�il y avait des v�rit�s absolues� J�ai appris ce qu�il fallait dire et ce qu�il ne fallait pas dire� J�ai vieilli pr�matur�ment en devenant schizophr�ne � temps partiel.� Ce livre, en vous permettant d�aller au fond des v�ritables interrogations, vous a-t-il gu�rie de cette schizophr�nie ?
Vous savez, la schizophr�nie n�est qu�une forme de survie. A chaque fois que l�oppression est telle que l�humain �touffe, il est oblig� de cr�er des espaces de libert� parce qu�il est tout simplement impossible de vivre continuellement dans une forme d�oppression. C�est en quelque sorte la vie traqu�e qui invente une nouvelle vie comme le disait Jean S�nac. Pour ce qui est de gu�rir� Une chose est s�re aujourd�hui, je ne vis plus dans un environnement qui m�est hostile comme c��tait le cas en Alg�rie. Donc, cela m�aide � vivre en harmonie avec moi-m�me car je ne suis du genre � cacher ni qui je suis ni ce que je pense. J�aime la transparence aussi bien dans la vie publique que priv�. Cela �vite les mensonges et nous permet de construire sur du vrai car il n�y a que de cette fa�on qu�on peut aller en profondeur et en complexit� et propulser des changements sociaux. Pour conclure, je dirai que j�ai grandi de ma schizophr�nie.
Votre combat est centr� sur l�exigence de �la�cit� car, dites-vous, �d�s lors qu�une religion s�affiche ostensiblement dans la sph�re publique, il y a confusion des genres. La libert� religieuse peut s�exercer pleinement pourvu qu�elle ne remette pas en cause le vivre ensemble� car sans la�cit�, aucune perspective d�mocratique n�est possible. Deux questions � ce propos : d�abord dans notre pays ce combat pour la la�cit� qui se fait tr�s timide a-t-il des perspectives r�elles et imm�diates d�encrage dans la soci�t� ?
Il ne faut jamais perdre de vue que la la�cit� est un processus historique cumulatif et � long terme. Les Europ�ens le savent bien. Pour arriver aux Lumi�res, ils sont pass�s par les t�n�bres. Il n�y a aucune culture qui a des pr�dispositions particuli�res pour la d�mocratie, la la�cit� ou les droits des femmes, c�est � force d��checs qu�on arrive enfin � quelque chose. Combien de guerres de religion a-t-il fallu � l�Europe pour qu�enfin le fait religieux soit confin� dans l�espace priv� et que la libert� de conscience soit reconnue ? Alors, les d�fis que nous avons, nous Alg�riens, sont �normes mais en m�me temps, la la�cit�, c�est le seul cadre politique possible qui permet aux citoyens d�apporter des solutions rationnelles aux grands enjeux de soci�t� sans que le religieux n�interf�re. Si nous continuons � faire autant de place au religieux dans la gestion des affaires de la cit�, nous serons condamn�s � ne jamais rattraper le train de l�histoire et � vivre en �ternel figurants. Dans cette qu�te d�mocratique, il faut se doter de courage et de beaucoup de patience car seuls les marathoniens survivent. Pour ma part, je crois profond�ment en notre capacit� de changer les choses. Il y a longtemps que j�ai compris que j�appartenais � l��cole de Sartre et non � celle du d�terminisme social. Les Alg�riens ont prouv� � maintes reprises qu�ils �taient capables de changer le cours de l�histoire, alors pourquoi pas cette fois-ci ?
Dans les soci�t�s occidentales, notamment celles de votre exil en 1994 (France d�abord, puis Canada aujourd�hui) le �relativisme culturel� au nom duquel des questions comme le voile ou la burqua ; les piscines pour femmes ; des m�decins femmes pour les femmes musulmanes� fait irruption dans le champ politique de ces pays au nom de la d�mocratie, de la lutte contre la �stigmatisation des citoyens de confusion musulmane et de la discrimination � l�encontre de leur religion�. Est-ce � dire que les islamistes, notamment ceux qui, comme Tarik Ramadhan l�islamiste soft, aux immenses dons d�adaptation et qui ont d�cid� d�avancer masqu�s en ne d�voilant par leur vis�e politique, ont gagn� du terrain et que l�imposition de la charia partout dans le monde avance doucement, sournoisement mais s�rement ?
Une chose est s�re, c�est que les islamistes ont quelques longueurs d�avance sur les la�cs en mati�re d�organisation et de militantisme. Il faut dire aussi qu�il y a des milliards de dollars par an qui sont mis � leur disposition pour faire le boulot qu�ils font. Tout compte fait, c�est plus facile d�op�rer dans l�opulence et d�avancer masqu� que de d�fendre des id�es telles que la la�cit� ou l��galit�. De plus, ils ont la part belle avec ces alli�s inattendus et inesp�r�s de gauche qui continuent d�analyser le monde et les relations internationales avec le prisme des ann�es 1970. Ceux-l� ont oubli� que le mur de Berlin est tomb�. L�ont-ils jamais su ? L� est la vraie question. Vous savez, la d�mocratie est aussi un destin mais surtout un engagement de tout instant, alors il ne tient qu�� nous citoyens de nous mobiliser pour disqualifier les Tarik Ramadan de ce monde du d�bat public. En Ontario, au Canada, on a failli avoir les tribunaux islamiques, je sais, �a para�t compl�tement compl�tement farfelu et pourtant c�est la mobilisation citoyenne qui a contrari� le projet et l�a fait avorter. C�est dire que nous avons la possibilit� collectivement de fa�onner notre cadre politique lorsqu�on vit en d�mocratie.
�C�est en combattant l�islamisme politique que l�islam retrouvera la paix comme l�a retrouv�e le christianisme en s�affranchissant de l�inquisition�, dites-vous et �crivez plus loin : �Les musulmans ne forment pas un bloc monolithique. Ils appartiennent � des classes sociales, des cultures, des nations diff�rentes. L�islam se d�cline au pluriel et regroupe plusieurs visions antagoniques. Reconna�tre cette diversit�, c�est permettre l�expression de voix jusque-l� inaudibles parmi les musulmans, notamment celles des la�cs.� Mais justement ces voix et particuli�rement celles d��intellectuels musulmans �clair�s pour qui l�islam rel�ve non de la sph�re politique mais du domaine personnel � et qui ont l�occasion de s�exprimer ne le font pas ou tr�s peu. Est-on, comme le dit Le�la Bab�s que vous citez vous-m�me, �dans un �tat de d�labrement intellectuel, culturel et spirituel de la pens�e islamique contemporaine� ?
Lorsqu�on vit dans un �tat d�oppression permanent comme le vivent les musulmans dans leurs pays respectifs � cause des r�gimes totalitaires comme le sont les r�gimes alg�rien, �gyptien, saoudien ou iranien, � des degr�s divers, bien s�r, il y a si peu d�espaces de libert� et l� je ne parle pas seulement d�espaces physiques comme peut l��tre un th��tre ou un cin�ma mais un espace abstrait et en m�me temps si concret qui nous permet d�avoir suffisamment de distance pour nous r�aliser. Ce que je veux dire par l�, c�est qu�on ne lit pas un livre de la m�me fa�on au Caire qu�� Paris. Ces espaces de libert� permettent l��mergence d�une pens�e critique, d�un th��tre engag�e comme l��tait celui d�Alloula immens�ment universel et profond�ment alg�rien. Aujourd�hui, il y a une volont� d�lib�r�e des r�gimes d�asservir les peuples en les maintenant dans un �tat d�ignorance crasse. Dans cette perspective, il n�y plus de place � la pens�e scientifique, � la litt�rature, � l�art. Seule la m�diocrit� se d�veloppe au grand galop. Je lisais derni�rement une entrevue de l�imminent intellectuel syrien Sadik Al-Azm et qui disait en gros que le monde arabe avait cruellement r�gress� ces trente derni�res ann�es � cause de l�importance qu�a pris l�islamisme politique.
Dans votre livre qui n��vacue aucune question qui �f�che�, on ne trouve pas trace de la remont�e du ph�nom�ne des zaou�as, devenus par la gr�ce des dirigeants alg�riens actuels des interlocuteurs de premier ordre, consult�es sur toutes les questions importantes du pays. N�est-ce pas l� aussi une d�rive dont les retomb�es sont incalculables notamment par un retour aux pratiques obscurantistes ?
Mon livre n�est pas destin� sp�cifiquement au public alg�rien bien que l�Alg�rie y occupe une place extr�mement importante, ne serait-ce qu�affectivement, honn�tement je ne voulais pas traiter de cette question qui aurait pu d�router le public europ�en ou nord-am�ricain. D�j� que la diff�rence entre musulman et islamiste n�est pas facile � cerner pour plusieurs alors s�il avait fallu que j�introduise l�instrumentalisation de l�islam traditionnel par le biais des zaou�as, cela aurait pu semer la confusion dans les esprits.


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