Avec l'avènement de la saison estivale, la wilaya de Tizi Ouzou renoue avec les fêtes et festivals locaux qui célèbrent les produits de l'artisanat et les produits du terroir qui sont la fierté de nombreuses localités de wilaya. En effet, ces manifestations à la fois culturelles et économiques et qui ont pour principal objectif la sauvegarde du patrimoine ancestral de la Kabylie mais également la promotion et commercialisation des produits locaux, tendent également à faire sortir les produits locaux de l'anonymat et à encourager la jeune génération à perpétuer ces métiers qui sont, hélas, en voie de disparition. En plus des expositions ventes, les organisateurs de ces fêtes s'attèlent, souvent avec des moyens dérisoires, à accompagner ces manifestations culturelles par des communications et tables rondes qui traitent de la promotion de ces produits mais aussi des problèmes auxquels font face les artisans. Après la fête de la cerise tenue le week-end dernier à Ath Allaoua, dans la commune d'Iboudrarène, voilà qu'on annonce les dates de la tenue de la fête du bijou. A un mois de sa tenue, la 15e édition de la Fête du bijou des Ath Yenni constitue déjà l'événement de l'été de toute cette région réputée pour le savoir-faire de ses artisans qui se transmet de génération en génération malgré les difficultés. Ainsi donc, la 15e édition se tiendra du 26 juillet jusqu'au 03 août prochains et les préparatifs pour réussir cette manifestation à la fois artisanale, commerciale et culturelle vont bon train. Pour cette nouvelle édition, l'intérêt sera mis sur classement du bijou d'Ath Yenni comme patrimoine de l'humanité. A ce titre, le P/APC de la localité d'Ath Yenni a indiqué que l'UNESCO sera saisi à cet effet. On s'attend à une participation importante puisqu'on prévoit quelques 150 artisans qui vont prendre part à cette fête. Un contexte difficile Il est à noter que cette nouvelle édition intervient dans un contexte toujours difficile caractérisé par la rareté de la matière première, à savoir l'argent mais aussi le corail, qui se vendent à des prix exorbitants sur le marché noir. Aujourd'hui, le bijou en argent coûte presque une fortune et n'est plus hélas à la portée des petites bourses. Cette situation des plus intolérables pousse les artisans à quitter ce métier l'un après l'autre et année après année. Cette fête qui a été d'un grand apport pour les artisans qui put écouler une grande partie de leur production, a été une nouvelle occasion de tirer la sonnette d'alarme sur la situation des artisans qui font face à de multiples difficultés, notamment la cherté de la matière première, l'argent, et l'inexistence du corail sur le marché national. Cette situation a contraint plusieurs artisans à abandonner ce métier qu'ils ont hérité de père en fils. En effet, le prix de l'argent varient entre 90 000 jusqu'à 100 000 da le kilo, alors que le corail est cédé à 400 000 Da le kilo sur le marché noir en raison de l'interdiction de la pêche du corail en Algérie. Cette situation a fait également que le bijou traditionnel soit hors de portée des citoyens. Les artisans bijoutiers grincent toujours des dents et montrent du doigt l'Agenor qui ne les approvisionne plus en matière première. Et pour faire face aux conditions du marché local, les bijoutiers font recours au corail importé de Tunisie dont le prix dépasse les 150 000 Da le Kg et de celui de l'Italie vendu à plus de 1000 Da le gramme, et l'utilisation de la résine (chutes de corail) dans la confection des bijoux en argent dits modernes, car la résine n'est pas utilisée dans la confection des bijoux traditionnels. Cette situation perdure bien qu'en 2015 un décret exécutif a été approuvé par le Secrétariat générale du gouvernement fixant les modalités d'attribution de 70% du quota du corail en faveur des artisans-bijoutiers, afin de promouvoir ce métier ancestral et d'accompagner les bijoutiers en vue d'écouler leurs produits sur le marché national et de pérenniser leur activité. On a beau aussi annoncé la prise de mesures incitatives au profit des artisans-bijoutiers qui leur permettront de faciliter l'écoulement de leur produit artisanal sur le marché local et international, des stages de formation au profit des jeunes bijoutiers à l'étranger et la réalisation d'une Maison d'artisanat et d'un Musée de bijoux, dans l'objectif de revaloriser ce produit ancestral de la région, mais le geste n'a pas suivi la parole. A côté de la rareté et de la cherté de la matière première, la contrefaçon vient donner un autre coup à cet artisanat. Aujourd'hui, plus que jamais, des mesures doivent êtres prises par les responsables du secteur de l'artisanat pour sauver le bijou des Ath Yenni qui présente des caractéristiques qu'ont ne retrouve pas ailleurs.Faits à base d'argent ciselé, bracelets, bagues, anneaux, colliers, fibules, boucles d'oreilles etc, sont dominées par une composition triangulaire et sont généralement ornés de filigranes, ce qui les rend encore plus esthétiques. La sauvegarde de ce patrimoine est plus qu'impérative.