Le village Ath Khir relevant de la commune d'Aït Khellili (Daïra de Mekla), à 35 Km à l'est de Tizi Ouzou, s'apprête à célébrer la troisième (3e) édition de la fête de la poterie du 14 au 17 du mois en cours. Cette année, la nouveauté de cette manifestation c'est la mise en service de la Maison de la poterie tant attendue par les potiers de la région. Cette maison de la poterie leur permettra d'écouler leurs produits. Tous, comme les autres produits de l'artisanat, les produits de la poterie sont difficilement écoulées en raison du manque de ces espaces qui leurs sont spécialement dédiés. Ceci demeure le point noir des artisans pour pérenniser leur activité. Organisée sous le haut patronage du ministre de la culture, du wali et de la direction de la culture, cette fête verra la participation d'une quinzaine de wilayas du pays et de plus d'une trentaine d'artisans qui devront exposer leurs différents produits. Ceci dit, quatre jours durant, le village Aht-Khir et avec l'inestimable concours de l'association organisatrice «Isselqam n'Talaght», s'apprête à sortir de sa léthargie et permettre à la population locale de se distraire. Plusieurs activités seront au rendez-vous tout au long de la tenue de cette fête. Des séances de démonstration des produits de poterie seront assurées par de jeunes potiers qui ont repris le flambeau pour sauvegarder cet art ancestral de génération en génération. Ajouté à cela, un concours du meilleur stand qui sera organisé afin d'encourager les artisans à exposer des produits concurrentiels et de mettre en valeur la poterie de la Kabylie, a affirmé le président de l'association d'Ath-Khir, Karim Tagguine. Par ailleurs, une table ronde sur la promotion et la revalorisation du patrimoine culturel de la région sera à l'ordre du jour. «Notre objectif est non seulement de faire découvrir aux visiteurs, ce vaste panorama d'activités prévues tout au long de cette édition, mais aussi de promouvoir le travail de l'argile dans une optique pédagogique et culturelle, de transmettre et de partager les compétences entre participants, de défendre le professionnalisme des potiers et la qualité et la diversité des œuvres exposées », nous dira notre interlocuteur. Les organisateurs de cette fête ont mis l'accent sur la nécessité de pérenniser cet art artisanal et ancestral. Ils estiment que malgré l'avancée technologique qui a freiné les activités artisanales, notamment avec l'apparition des matières comme le Caoutchouc, l'aluminium, la fantaisie qui servent à la fabrication des ustensiles, ces produits continuent de résister. Mais il est urgent à ce que les autorités publiques encouragent la poterie qui a pu résister à l'usure du temps et traversé les siècles. Ceci sans oublier, bien sûr, la contribution de ce produit qui constitue un véritable vecteur de développement de l'économie locale et une source de certains potiers pour subvenir aux besoins de leurs familles. Il est à rappeler aussi que la 8e édition du festival culturel local de la poterie de Maâtkas se tiendra officiellement du mercredi 25 au dimanche 29 juillet a fait savoir le commissariat du Festival. Cette nouvelle édition organisée sous l'égide du ministère de la culture du wali et du P/APW de Tizi Ouzou en collaboration avec les P/APC des communes de Maâtkas et souk El Tenine sera abritée par le collège Ounar Mohamed. Elle est placée sous la thématique : «La poterie de Maâtkas : une culture matérielle, une identité territoriale». Un art qui résiste grâce à la transmission A l'instar des autres métiers de l'artisanat, comme le tapis, la vannerie, la dinanderie, la poterie traverse une époque, on ne peut plus difficile. La poterie est au delà de sa symbolique, de son ancrage sociétal et de son apport à l'économie locale à travers les âges, est depuis quelques années otage de tant de considérations. Le nombre d'artisans se réduit comme une peau de chagrin à cause des difficultés rencontrées dans l'exercice de ce noble métier de l'artisanat, les difficultés liées à la commercialisation des produits de la n'ont pas été surmontées. Aujourd'hui, les artisans font surtout face à l'absence du marché «formel». Le Festival de Maâtkas et la fête d'Ath Khir célébrant la poterie, interviennent dans un contexte difficile pour ce métier caractérisé par sa perte progressive. Ce métier assuré par les femmes potières protectrices de ce métier ancestral fait selon un procédé très ancien, dit à colombin, consiste à modeler des objets par superposition de bandes d'argile sans recours à une quelconque machine. Ces dernières, disparaissent les unes après les autres, et la relève n'est pas forcément assurée, d'où l'importance de la formation. La réalisation d'infrastructures où les artisans pourraient rentabiliser leur savoir et surtout le transmettre aux futures générations est devenue indispensable pour pérenniser ce métier et redonner un nouveau souffle pour l'artisanat, ce secteur pourvoyeur de poste d'emplois mais encore de tourisme. Même si cet art résiste encore grâce aux femmes qui continuent à fabriquer des ustensiles d'une rare originalité avec des décorations et des motifs qui sont d'une variété phénoménale, il va de soi que les pouvoirs publics doivent tout faire pour le protéger. Gloire aux femmes villageoises qui font vivre la poterie. La société traditionnelle kabyle étant de type patriarcal, le pouvoir financier a toujours été donc entre les mains des hommes. Les femmes qui avaient l'apanage de la poterie faisaient le troc en échangeant leurs produits contre d'autres objets. C'est ainsi que les femmes, non seulement celles du Djurdjura, mais aussi celles des Babors, région connue également pour sa poterie, ont su transmettre de génération en génération cet art ancestral. Car, au final, la poterie n'est pas seulement le travail de l'argile, de la terre, de sa cuisson etc. C'est aussi un savoir-faire très complexe qui se transmet dans des œuvres toujours différentes, mais si proches car parlant le même langage, celui des signes et des symboles. L'art de la poterie vit encore grâce à une transmission assurée par une vieille au visage émacié et buriné par une misère récurrente, mais qui consacre son temps à pétrir l'argile, à la tourner et la retourner sans cesse, à la modeler pour, enfin, nous offrir une cruche, une amphore ou encore une jarre que nous mettons dans un coin d'une maison.