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Situation économique en Algérie.. Les mauvais signaux émis par le Crédit Agricole
Publié dans Le Temps d'Algérie le 16 - 06 - 2019

Le groupe bancaire affirme que «l'instabilité politique et institutionnelle pourrait durer un temps très long, car quels que soient les nouveaux dirigeants politiques, ils vont devoir gérer une crise économique qui va s'intensifier à moyen terme et demandera des sacrifices élevés à la population».
Dans son analyse de Perspective économique, la banque française Crédit Agricole a mentionné que «l'Algérie est dans une configuration très difficile qui combine des risques politiques lourds et une remise en cause profonde de son modèle d'économie rentière. Ceci renforce l'immobilisme du pouvoir et accentue les difficultés économiques». Le groupe bancaire ajoute que «l'instabilité politique et institutionnelle pourrait durer un temps très long, car quels que soient les nouveaux dirigeants politiques, ils vont devoir gérer une crise économique qui va s'intensifier à moyen terme et demandera des sacrifices élevés à la population». La banque française a révélé, dans la même analyse, que «les chiffres macro-économiques de l'Algérie à fin 2018 sont peu à peu publiés et confirment la poursuite des difficultés économiques.
Selon la Banque centrale, les exportations d'hydrocarbures (gaz essentiellement) ont chuté de 7,7% en volume en 2018 par rapport à 2017, illustrant ainsi la hausse de la consommation interne d'énergie issue de la progression démographique de plus de 2% par an et le sous-investissement dans l'appareil de production». «La loi, qui devait permettre d'attirer plus d'investissements étrangers dans le secteur énergétique, est repoussée et ces investisseurs ont adopté une attitude attentiste, en raison de l'instabilité sociale et politique. Le ciblage juridique des milieux d'affaires assombrit un peu plus l'environnement des affaires déjà difficile», explique le groupe français. Ce dernier ajoute que «la croissance du PIB a été très médiocre en 2018 à seulement 1,5%, contre 1,4% en 2017, une année déjà très en retrait par rapport aux années précédentes. Elle a été soutenue par l'agriculture et le BTP qui ont compensé une contraction de 6% du PIB hydrocarbures».
Par ailleurs, l'affaiblissement de la rente gazière produit des déficits courants et budgétaires profonds, car les seuils d'équilibre sont toujours à environ 100 dollars le baril.
Le Crédit Agricole note que «le déficit courant, après un pic à 15% du PIB en 2015, a atteint 9,4% du PIB en 2018 (au-dessus des évaluations initiales de 8%), et pourrait rester autour de 7% à 8% du PIB en 2019 et 2020. La conséquence est la poursuite de la baisse du stock de réserves en devises de 18% à 80 Mds USD en 2018». Le groupe bancaire a indiqué que «de son côté, le déficit budgétaire, de 5,5% du PIB en 2018, pourrait progresser à plus de 8% en 2019, compte tenu de la situation sociale. L'ajustement budgétaire (c'est-à-dire la baisse des subventions) est très difficile à mettre en œuvre, car celui-ci remet en cause le pacte social et le principe de l'Etat providence. De plus, l'énorme poids de l'armée dans les dépenses (36% du budget) est quasi institutionnelles».
Le Crédit Agricole prévoit que «les déficits devraient donc perdurer au-delà de 2022, avec un impact sur la dette publique et donc la solvabilité du souverain», soulignant que la dette publique est passée de 27% du PIB en 2017 à 37% en 2018 et, compte tenu du tabou de l'emprunt externe, son financement est actuellement assuré par la Banque centrale dans le cadre des mesures «non conventionnelles» de monétisation du déficit budgétaire. Le groupe bancaire français estime que la situation sociale et politique reste très tendue. «Le chômage (officiel) s'établit au niveau élevé de 11,7% et les manifestations populaires hebdomadaires ont provoqué le report sine die des élections présidentielles prévues en juillet, sans que l'on puisse envisager à court terme des scénarios de sortie de crise, en raison du poids que souhaite jouer l'armée dans le processus de transition», explique le Crédit Agricole.
Le groupe note que «les purges anti-corruption, après avoir ciblé en premier lieu les milieux d'affaires, visent désormais, les hauts responsables politiques des années Bouteflika, comme en témoigne l'incarcération récente de plusieurs ministres dont les ex-Premiers ministres Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal pour des faits de corruption».


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