Le président américain Barack Obama et les responsables britanniques ont minimisé les espoirs d'un accord historique lors du sommet du G20 jeudi à Londres, alors qu'une nouvelle réunion d'ici à l'automne est déjà évoquée. Les dirigeants tentent de déminer le terrain face à une presse qui prédit par avance un «échec» du G20 de Londres en raison des divergences entre Américains et Européens sur l'opportunité d'un nouveau plan de relance mondial. D'autant que le sommet est menacé de sombrer dans la confusion si les manifestations potentiellement violentes prévues mercredi et jeudi à Londres dégénèrent. De part et d'autre de l'Atlantique, les responsables soulignent la forte détermination d'union entre pays du G20, qui ont déjà trouvé des accords de principe sur l'augmentation des ressources du Fonds monétaire international, le lancement des réformes de régulation ou la lutte contre les paradis fiscaux. Et ils laissent entendre de plus en plus explicitement que ce G20 n'est pas une fin en soi. Dans la première catégorie, le président américain Barack Obama, dont ce sera le premier voyage présidentiel en Europe, a martelé dans une interview au quotidien financier britannique Financial Times de lundi que «la tâche la plus urgente qui nous incombe à tous est d'adresser un message fort d'unité face à la crise». Il a démenti les oppositions avec l'Europe en répétant qu'il était «pour une approche combinée» de la stimulation économique et de la régulation. Le Premier ministre britannique, Gordon Brown, hôte de la réunion et lui-même confronté à domicile à un appel à la prudence budgétaire du gouverneur de la Banque d'Angleterre, Mervyn King, avait déjà dit la semaine dernière que l'essentiel était que ce G20 montre une volonté d'agir «ensemble». Fait plutôt rare, par ailleurs, un brouillon élaboré du communiqué final du sommet a fuité ce week-end, à la fois dans le journal allemand Der Spiegel et dans le Financial Times. Outre que sa diffusion par avance pourrait désamorcer les réactions négatives à son manque de substance concrète, il démontre aussi une grande volonté d'action commune. Il contient ainsi pas moins de 67 fois le mot «nous» contre 42 dans le communiqué de la réunion précédente du G20 le 15 novembre 2008, et six fois le mot «ensemble» contre trois. Deuxième partie de l'apparent plan de déminage, on comprend désormais très clairement que le sommet de jeudi sera suivi d'autres. La chancelière allemande, Angela Merkel, a déclaré, dès samedi dans une interview au Financial Times, qu'on n'allait pas jeudi à la fois «construire une nouvelle architecture du marché financier international», «résoudre la crise économique et la question du commerce». «Nous allons assurément devoir nous réunir à nouveau», a-t-elle averti. Le gouvernement britannique s'y est mis aussi, plusieurs de ses membres soulignant depuis ce week-end que le sommet s'inscrivait «dans un processus». Le ministre des Finances, Alistair Darling, a aussi remarqué qu'il ne fallait pas être «exagérément optimiste» sur le résultat de jeudi. «Il sera nécessaire de faire davantage», a-t-il dit. Enfin, avant-hier, Downing Street, les services de M. Brown, ont explicitement déclaré «voir l'intérêt de nouvelles réunions du G20 cette année». La prochaine, selon les rumeurs, pourrait se tenir au Japon ou à New York en parallèle de l'assemblée générale des Nations unies en septembre, voire remplacer le sommet du G8 prévu cet été en Sardaigne. Le G20 regroupe les pays développés du G8, l'Union européenne et les grands pays émergents.