L'inculpé a tout entrepris pour expliquer au tribunal qu'il avait laissé tomber pas moins de cinq chèques dans la voiture de la victime, en vain. Tout le code pénal n'a pas prévu ce cas. «Cinq chèques sont tombés dans la voiture de la victime», a résolument balancé le client de Me Chemlel. Mounira Nacer, la juge, reçoit une décharge électrique : «Et qu'aviez-vous alors fait depuis ? Expliquez au tribunal comment aviez-vous égaré ces chèques ?», a demandé la magistrate L'inculpé s'égare en disant tout et rien. Il aurait égaré en 2005 cinq chèques avec d'autres documents. Il aurait effectué une déclaration de perte bien longtemps après, avant d'évoquer des dettes entre la victime et lui. «Vos déclarations parasitent le tribunal. Vous faites une déclaration de perte en 2008 pour cinq chèques égarés en 2005», a murmuré presque la magistrate qui va souffler en écoutant la victime qui va être plus claire dans ses dires : «Il m'a remis trois chèques d'un montant de quatre millions cinq», a-t-il déclaré avant qu'il ne précise qu'il avait remis à l'inculpé l'argent liquide en main propre. La parcelle de terrain a été le prétexte de cette transaction. L'inculpé n'était que l'intermédiaire. «Ah bon ! Bien noté. Vous aviez acheté des sardines encore sous les flots !», a ironisé la juge. Me Kourtel, l'avocat de la victime, va poser des questions qui mettront à mal l'inculpé confondu. La procureure, elle aussi, se jette à l'eau en posant de bonnes questions, elle a même cherché à déstabiliser l'inculpé au caractère solide. Un sang-froid exemplaire. Une assurance égale à celle de son adversaire. Elle se permet le luxe de rappeler les procédures à engager lors de pareils cas, telle l'absence d'opposition à la source, et la déclaration de perte, et d'assurer que «nul n'est censé ignorer la loi». Elle réajuste son foulard et va poser une dernière question à l'inculpé qui est souvent très mal à l'aise depuis le début du procès. C'est pourquoi, la juge va prendre une sage décision allant de pair avec l'application de la loi, juste pour ne pas heurter la déontologie. C'est dans ce sentier plein de cailloux que la présidente décide un complément d'information d'où jaillira un peu plus de lumière, donc la vérité. Me Chemlel avait, lui, estimé que le tribunal était souverain et que toute décision prise était bonne à prendre car justice aura été rendue.