Il n'y a pas que la vente sur le trottoir qui soit concernée par le commerce informel. Pourquoi pointer du doigt uniquement les vendeurs à la sauvette, alors que les marchands possédant des magasins vendent leurs produits à l'extérieur ? Un phénomène qui se répète, particulièrement, durant le mois sacré du ramadhan où l'on voit des commerçants user de l'espace extérieur comme artifice pour attirer la clientèle avide de profiter des offres «ramadhanesques». L'on a vu le boulanger se servir du trottoir avoisinant pour exposer du qalbellouz ou de la charbate, et le marchand d'habits vider son magasin et faire sortir ses produits. Les commerçants ne s'arrêtent pas là. Certains d'entre eux se convertissent carrément en d'autres pratiques commerciales. La khaïma, cette tente bédouine qui nous fait voyager en Orient et qui devient très en vogue durant le mois de jeûne, à titre d'exemple, est devenue ces dernières années la spécialité de nombreux commerçants. Tous les secteurs s'y mettent et non pas seulement les hôtels, les restaurant, les discothèques et quelques grands salons de thé qui étaient les seuls à être concernées par cet «extra» spécial ramadhan. Aujourd'hui, l'on voit des vendeurs de prêt-à-porter inviter leurs clients à passer une soirée animée, autour d'un thé siroté dans une ambiance traditionnelle, propre à cette tente installée dans le parking du magasin ou dans un espace pas loin du local commercial. Un principe «d'extension» qui devient un artifice chez de nombreux commerçants qui s'approprient des espaces afin d'attirer la clientèle. Des extensions autorisées par la loi ? Tout agent économique désirant changer d'activité doit changer de registre du commerce, selon la direction de la régulation. Ce qui veut dire que les restaurateurs, les hôtels et les salons de thé ont le droit de rallonger leur espace pour un commerce dans le même profil (la khaïma en fait partie puisqu'il s'agit de la petite restauration), et ce, sans changer de registre et sous autorisation du wali bien entendu, selon notre source. Les autres magasins des autres secteurs, par contre, sont dans l'obligation de changer de registre du commerce s'ils souhaitent installer une tente. Pourtant, les khaïmate installées par des commerçants de différents secteurs ne manquent pas au centre. Notre interlocuteur nous expliquent que les autorités concernées «ferment les yeux» en quelque sorte pour le mois du ramadhan. Cela relève, selon notre source, du fait que «ces activités font partie intégrante de notre culture». Le ramadhan a toujours été le mois propice pour changer d'habitudes et épouser d'autres activités qui créent cette ambiance «ramadhanesque» unique en son genre. «C'est le même cas pour le commerce du qalbellouz qui ne se vend pas seulement chez le boulanger et celui de la zlabia, commercialisée à Boufarik par des familles entières sans registre du commerce», cite comme exemple notre interlocuteur, ajoutant que le contrôle durant le ramadhan est plus focalisé sur l'hygiène, la qualité du produit et l'affichage des prix. Cette tolérance de la part des autorités revient, ainsi, à l'aspect socioculturel propre à notre patrimoine ancestral que les Algériens essaient inlassablement de préserver.