Le FLAM, qui revendiquait jusqu'à 30% du territoire national, a été interdit. Le responsable du Front de libération de l'Algérie marocaine (Flam), Mohamed Alouah, qui revendique pour le Maroc une partie du territoire algérien, a enfin fait l'objet de l'ouverture d'une enquête judiciaire. C'est ce qu'a indiqué hier l'agence de presse marocaine citant un communiqué rendu public le même jour par le procureur du roi, près le tribunal de Rabat. Dans ce texte, le magistrat évoque «les données graves contenues dans un communiqué émanant d'une organisation se présentant sous le nom de Front de libération de l'Algérie marocaine». Réaction musclée, s'il en est, qui intervient tardivement alors qu'il n'est un secret pour personne que le Palais n'ignorait rien des activités et revendications de ce mouvement nouvellement né avec la bienveillante bénédiction, soutiennent des sources diplomatiques bien informées, des plus proches conseillers du roi Mohammed VI. Le Flam, qui revendique 900.000 km² du territoire algérien, avait assuré avoir créé une milice combattante un peu partout en Algérie occidentale et centrale et y avoir mené des attaques. Ces sorties médiatiques, qui avaient courroucé à juste titre la diplomatie algérienne, avaient été allègrement reprises par de nombreux médias marocains toujours avec la bénédiction des autorités royales, ce qui ne signifiait rien moins qu'une «déclaration de guerre contre notre pays». Mieux, de pareilles assertions relancent le débat sur les soutiens que recevaient au Maroc les terroristes islamistes tant que ce fléau ne menaçait pas le Royaume et que le défunt Hassan II considérait notre pays comme un «laboratoire idoine pour y expérimenter l'intégrisme islamiste». Le 4 novembre dernier, l'ambassadeur du Maroc à Alger avait été convoqué au ministère des Affaires étrangères pour «s'expliquer» sur les déclarations de Mohamed Alouah, président marocain du Parti libéral réformateur (PRL) qui a revendiqué la création de ce front dont la naissance intervient en une phase cruciale des relations entre Alger et Rabat et où la question sahraouie est en train de connaître un début de dénouement conformément au droit international et à celui des peuples à l'autodétermination. Notre ambassadeur à Rabat avait été, pour sa part, chargé de prendre langue avec les autorités marocaines afin d'exiger des explications officielles de Mohammed VI par rapport à ces très graves dérives. Visiblement déroutées par les véhémentes protestations algériennes, les autorités marocaines ont été contraintes de faire marche arrière en l'espace de moins d'une semaine. Dans son communiqué qui ne laisse place à aucun doute, le procureur du roi qualifie d' «illégal» ce front. En ordonnant l'ouverture d'une enquête, accompagnée d'une sorte de «mea culpa diplomatique», le magistrat de Mohammed VI a estimé que «la diffusion de telles allégations» pourrait «semer la confusion et le trouble dans différents milieux et constituer un préjudice qui ne sert que les adversaires de notre pays». Il est toutefois dommage que le communiqué ne désigne pas ces «adversaires», puisque toutes les sources diplomatiques jointes hier par téléphone ont indiqué voir mal en quoi ce parti, encouragé par le Palais, qui aurait pu activer pendant longtemps si l'Algérie n'y avait pas mis le holà, aurait pu servir le Sahara occidental et l'Espagne qui sont, jusqu'à plus ample informé, les seuls adversaires déclarés du Maroc en matière de revendications territoriales.