Les Israéliens agitent depuis plusieurs mois la menace d'une intervention militaire en Iran Dans son dernier rapport, l'AIEA a pour la énième fois déclaré ne pas être en mesure de dire avec certitude si le programme nucléaire de l'Iran est purement pacifique. Les gouverneurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) se replongent à partir de lundi dans le lourd dossier du nucléaire iranien, avec des pays occidentaux désireux d'épingler Téhéran, accusé de ne pas jouer franc jeu avec l'agence. Même si les délégations des 35 pays membres du conseil, réunies pour une semaine à Vienne, doivent aborder d'autres sujets comme la sûreté ou les activités nucléaires de la Corée du Nord, la problématique iranienne sera de nouveau au coeur des débats. Dans son dernier rapport, l'Aiea a pour la énième fois déclaré ne pas être en mesure de dire avec certitude si le programme nucléaire de l'Iran est purement pacifique, comme ce dernier l'affirme, faute de coopération suffisante de la part du pays. Elle a clairement accusé les autorités d'effacer des traces sur le site militaire de Parchin, près de Téhéran, où elle soupçonne des activités nucléaires illicites. «Quand l'agence pourra accéder sur les lieux, sa capacité à procéder à une vérification efficace aura été considérablement entravée», dit-elle. «L'Iran continue à ne pas remplir ses obligations», estime un diplomate occidental, jugeant qu'une résolution condamnant l'Iran serait appropriée ou bien au moins une déclaration ferme du groupe des 5+1 (Etats-Unis, Chine, Russie, Grande-Bretagne, France et l'Allemagne). Le conseil et surtout le groupe des 5+1 «ont besoin de parler très clairement et de manière unie», afin d'isoler davantage l'Iran, affirme-t-il. Il s'agit surtout de convaincre la Russie et la Chine, toujours plus réservés dans ce dossier, de frapper du poing sur la table avec les Occidentaux. Récemment, le vice-ministre des Affaires étrangères de Russie, Sergueï Riabkov, a certes encouragé l'Iran a coopérer davantage avec l'Aiea, tout en rappelant qu'il n'existait «aucune preuve que l'Iran élabore un programme d'armement nucléaire». Le rapport de l'Aiea montre aussi qu'en dépit de sanctions internationales sans précédent -dont celles mises en place cet été sur les exportations pétrolières-, l'Iran a doublé sa capacité d'enrichissement d'uranium à Fordo (centre), site enfoui sous une montagne et le seul considéré comme à l'abri des frappes militaires. L'uranium enrichi est utilisé pour la production d'électricité ou d'isotopes médicaux, servant à diagnostiquer certains cancers, mais purifié jusqu'à 90%, il entre dans la fabrication de l'arme atomique. L'Iran enrichit jusqu'à 20%, et peut, à partir de ce niveau, transformer rapidement l'uranium en matériau utilisable dans une bombe, selon les experts. Mais le pays nie catégoriquement vouloir fabriquer l'arme atomique. L'absence d'avancée entre l'Iran et l'Aiea offre aussi des arguments à l'Etat hébreu pour augmenter la pression internationale sur la République islamique. Les Israéliens agitent depuis plusieurs mois la menace d'une intervention militaire en Iran et font pression sur le président des Etats-Unis Barack Obama, en pleine campagne électorale, pour plus de fermeté envers le régime iranien. Dans un tel contexte, il est important aussi que «le Conseil des gouverneurs reste uni dans sa volonté de maintenir la pression diplomatique» sur l'Iran, indique un autre diplomate sous couvert d'anonymat. Pour Mark Hibbs, du groupe de réflexion Carnegie Endowment for International Peace, il y a un risque très mince qu'Israël entreprenne une frappe militaire contre l'Iran «entre maintenant et les élections américaines en novembre». «Je pense que les diplomates, avec cela en tête, seraient bien avisés d'éviter une escalade de la crise», précise-t-il, ajoutant qu'il n'attendait donc pas trop de sévérité à l'égard de l'Iran à l'occasion de cette réunion.