A l'aide de documents que le parti de Djaballah souhaite imparables, une attaque en règle est lancée contre son vis-à-vis islamiste. La polémique née entre le mouvement El-Islah et le MSP, au lendemain des sénatoriales, est loin de connaître son épilogue. Au lendemain de la déclaration du député et membre de la direction du MSP, Abderrezak Mokri, dans laquelle il accusait les troupes de Djaballah d'avoir rompu leur accord, ce dernier a publié l'intégralité de la documentation relative à cette «sulfureuse» affaire. Il apparaît ainsi, contrairement à ce que disait Mokri, que trois accords distincts ont été signés entre ces deux partis, en date des 9, 13 et 28 décembre dernier, à propos des reports de voix pour une dizaine de wilayas. Indiquant au passage que le MSP n'aurait conclu aucun autre accord similaire avec d'autres formations politiques, il souligne cruellement que le parti de Bouguerra Soltani doit au mouvement El-Islah les quatre sièges sénatoriaux qu'il a décrochés. A Laghouat, Relizane, El-Oued et Béchar, le MSP dispose en tout de 156 sièges, alors qu'El-Islah seulement 53. Or, le MSP a obtenu 226 et El-Islah seulement 2. Une preuve éclatante, indique le communiqué élaboré sous la forme d'un véritable réquisitoire, que le mouvement El-Islah a parfaitement tenu ses engagements. Il accuse le MSP de ne pas en avoir fait autant, ce qui aurait fait perdre au parti de Djaballah au moins six sièges censés lui être acquis. Il cite, avec des chiffres tout aussi détaillés, les cas de Tebessa, Constantine, Mila, Guelma, Skikda et Jijel pour prouver avec une logique tout enfantine que le MSP n'a pas tenu parole, puisque El-Islah n'a eu pratiquement que ses propres voix. A Skikda, révèle encore le communiqué signé Ahmed Ben Abdesselam, chargé de la communication, dans une phrase soulignée pour ne pas passer inaperçue, «les 23 élus du MSP ont démenti avoir reçu instruction de voter pour El-Islah, alors que des informations fiables avaient fait état d'ordres venus afin de voter en faveur d'un autre parti en utilisant un stylo de couleur verte, comme il a été prouvé au dépouillement, ce qui dénote en quelle estime le parti bénéficiaire tient la parole de ce parti censé se conformer aux hautes valeurs de l'islam». Car le mouvement El-Islah, qui n'hésite plus à se qualifier d'islamiste depuis que la pré-campagne électorale a accéléré et que le chef d'état-major de l'ANP a indiqué ne pas voir d'inconvénients à son arrivée au sommet de l'Etat, explique cette alliance par le fait que ses militants et sympathisants avaient voulu que «le courant islamiste dans le pays fasse jonction pour le bien de tous». Particulièrement déçu par ce qui s'est passé, accusant Mokri d'avoir versé dans la désinformation et carrément le mensonge, le communiqué défie le MSP à une conférence de presse commune, durant laquelle chacun posera ses arguments et ses preuves afin que cette affaire soit définitivement tirée au clair. Il est évident que si le mouvement El-Islah a décidé de faire montre d'autant de virulence, c'est que cela rentre dans le cadre de sa stratégie électorale et de son souhait de «souffler» les électeurs et sympathisants du MSP (qui se prépareraient à soutenir le second mandat de Bouteflika) qui ne manqueraient pas d'être déçus par un pareil comportement n'honorant en rien la morale politique, et encore moins les hautes valeurs que défend la religion musulmane.