A défaut de pouvoir contrarier l'initiative du pouvoir, l'opposition occupe le terrain en se dispatchant. Quelle stratégie et quel leader pour l'opposition? La crise politique qualifiée d'aiguë n'a pas pu resserrer les rangs de l'opposition. Soit on consulte, soit on présente son alternative. Tout en déclinant l'invitation de Ahmed Ouyahia, directeur de cabinet de la présidence de la République, l'opposition a mis sur la table plus d'une initiative. Si le diagnostic dressé et l'objectif fixé sont les mêmes, les démarches adoptées diffèrent. L'ex-chef de gouvernement, Mouloud Hamrouche, rue dans les brancards en solo pour expliciter sa feuille de route de sortie de crise. Le 23 août prochain il est annoncé à Annaba où il doit animer une conférence autour du thème «Etat nation face aux défis de la mondialisation». La Cltd qui se dit tendre vers l'élargissement de sa coalition constituée au départ des partis ayant appelé au boycott de l'élection présidentielle d'avril dernier, s'est contentée d'amender légèrement sa plate-forme initiale. A titre de rappel, le comité restreint-ne comptant que les représentants des partis issus de la Cltd- chargé d'amender la plate-forme à la lumière des propositions des participants à la première conférence du 10 juin dernier, a fait l'impasse sur le rôle de l'armée dans la transition démocratique. La Cltd tente de faire pression sur le pouvoir en place en vue de l'amener à accepter de négocier un changement radical du système. Le Pôle des forces de changement qui s'est réuni, hier à Alger, pour apporter les dernières retouches à son propre document politique compte rendre publique dans les prochains jours sa plate-forme politique de base. La transition démocratique n'est nullement évoquée dans ce nouveau projet. Ce pôle revendique globalement le retour à la légitimité populaire, à travers l'ouverture du dialogue national autour des réformes progressives du système en place. De son côté, le vieux parti de l'opposition fait cavalier seul. Tout en mettant en exergue le caractère unilatéral des autres initiatives, le FFS a annoncé sa propre conception et démarche pour aboutir à «un consensus national sans exclusif». Le parti de Hocine Aït Ahmed compte mener son initiative pour l'organisation d'une conférence nationale du consensus, en se basant sur des modèles de transition internationaux. «Le rétrécissement du champ des libertés, les multiples entraves contre ses actions, la guerre d'usure menée par le pouvoir en place à son encontre, l'abus de pouvoir, le déni des droits», sans cesse ressassés par l'opposition n'ont pas pour autant incité l'opposition à faire front commun. La multitude d'initiatives tranche mal avec la place peu considérée de l'opposition en Algérie et avec le but déclaré de décrédibiliser le projet en cours de la révision constitutionnelle lancé par l'Exécutif, selon certains observateurs. Les divergences apparentes sur l'accompagnement par l'armée du processus de démocratisation cache mal les clivages liés au leadership et les positions des uns et des autres, indique-t-on. A défaut de pouvoir contrarier l'initiative du pouvoir, l'opposition occupe le terrain en se dispatchant. Cette division n'est pas pour faciliter la mobilisation du peuple en vue de construire un rapport de force effectif.