Les motivations de la grève sont pourtant prises en charge par le ministère de tutelle. La grève à laquelle a appelé le Conseil des lycées d'Alger (CLA) a touché pratiquement l'ensemble des lycées à travers le territoire national. Le taux de suivi varie d'une région à une autre. A Alger, le mot d'ordre de grève a été timidement suivi. Selon une source autorisée du ministère de l'Education, «tous les lycées ont normalement fonctionné». L'appel de Meziane Meriane, principal animateur du Cnapest, à se désengager de cette entreprise, semble avoir eu son effet. Idem pour les lycées de Béjaïa qui n'ont pu être paralysés par ce débrayage. La quasi-totalité des cadres syndicaux affiliés au Cnapest dans cette wilaya se sont solidarisés avec Meziane Meriane. Contrairement à la sérénité ayant marqué les établissements d'Alger et de Béjaïa, l'ouest du pays a été fortement perturbé par la grève. Ce large suivi est dû à l'alliance spontanée entre les enseignants adhérents du Cnapest et de l'Ugta. L'un des porte-parole du Cnapest, M.Aous, a fait état d'un taux de suivi oscillant entre 80 et 90%. Rien que dans la région d'Oran, 41 lycées ont été complètement désertés par les enseignants. Les wilayas de Mostaganem, Mascara, Aïn Témouchent, Tlemcen, Sidi Bel Abbès et Chlef ont vécu le même climat. Un pareil mouvement a été observé à Constantine. Excepté deux lycées qui se sont démarqués de l'appel du CLA, le reste des établissements a favorablement répondu. S'y sont jointes également les wilayas de Tizi-Ouzou et de Bouira. Dans une déclaration à L'Expression, l'un des membres du conseil national du Cnapest, affirme que la grève a connu un suivi de 90%. Commentant la sortie médiatique de Meriane à la veille de ce mouvement, il a déclaré que ses «collègues ne sont aucunement concernés par sa position (celle de Meriane Ndlr)». Du côté d'Annaba, le débrayage a tellement eu d'écho auprès des professeurs du secondaire qu'on craint d'ores et déjà la réédition du scénario de l'année dernière où une année blanche a été évitée in extremis. La première observation qui ressort de cette journée de protestation est loin d'être comparable aux deux mois de grogne de l'année écoulée. L'impact est significativement moins important. Les motivations de la grève sont pourtant prises en charge par le ministère de tutelle. Celui-ci a réitéré sa volonté, à maintes reprises, à dialoguer avec les syndicats, même ceux qui ne sont pas agréés. De plus, les revendications socioprofessionnelles ont été reconnues légitimes et recevables. Plusieurs points sont déjà satisfaits. En ce sens, il est à signaler la permanisation de dizaines de vacataires, le recrutement de nouveaux enseignants ainsi que la revalorisation des salaires. Les syndicalistes pour l'arrêt du travail ont un autre son de cloche. Ils considèrent que le ministère a fait la sourde oreille à leurs doléances et que la totalité d'entre elles demeurent insatisfaites. Ils réclament, globalement, une revalorisation «décente» de leurs salaires, le droit à la retraite après 25 ans de service et l'agrément des syndicats autonomes. S'agissant de ce dernier point, le ministre de l'Education M.Benbouzid a, pourtant, accordé audience, sans exclusive à tout le corps enseignant tout en lui expliquant que l'agrément relève des compétences du ministère du Travail. Les premiers éléments de réponse pourront être apportés aujourd'hui, par Meziane Meriane lors de la conférence de presse qu'il animera au siège du Cnapest à Hussein Dey à Alger. Aussi, nombre d'observateurs de l'évolution de l'école algérienne se sont accordés à dire que des réformes révolutionnaires y sont introduites pour la première fois. Dans cette nouvelle vision, les enseignants ont eu droit aux égards que leur confère la profession. Des revalorisations salariales, recyclages, cellules d'écoute sont autant d'atouts qui ont été mis à leur disposition afin qu'ils s'investissent totalement dans leur mission.