Les enseignants grévistes feront l'objet d'une retenue sur salaire. Le torchon brûle entre le ministère de l'Education et les enseignants grévistes. Alors que ces derniers étaient à leur deuxième et dernière journée de grève, un communiqué de la tutelle est venu leur signifier qu'ils feront l'objet d'une retenue sur salaire. Cette ponction se fera, à se référer aux termes du communiqué, «conformément à la réglementation en vigueur». Faisant montre d'une détermination inébranlable, le ministre de l'Education, M.Benbouzid, a averti, via cette note, que les absences qui seraient constatées aujourd'hui «feront, également, l'objet d'une retenue cumulée sur salaire qui inclura la journée de vendredi», suivant la circulaire ministérielle en date du 02 octobre de l'année en cours. Ce durcissement de ton de la part du ministre coïncide avec la sortie inattendue du premier coordinateur national du Cnapest qui s'est publiquement désolidarisé de la grève. Celui qui avait exigé, l'année dernière, la démission de Benbouzid s'est catégoriquement démarqué du présent débrayage, considérant que «les revendications des professeurs sont sur le point d'être satisfaites». «Il faut accorder au ministre le temps qu'il faudra», tempère-t-il. Malgré cette intransigeance officielle, les professeurs à l'arrêt ne désespèrent pas d'avoir gain de cause. Le taux de suivi qui a été relativement important dans certaines wilayas à l'image d'Annaba, Oran et Tizi-Ouzou, les a réconfortés à poursuivre leur mouvement. Cette tendance s'est confirmée, hier, au niveau des lycées d'Alger. Bien que le mot d'ordre des syndicalistes favorables au débrayage n'y a pas été rigoureusement respecté, il n'en demeure pas moins qu'un nombre non négligeable d'établissements y a adhéré. Ce fut le cas pour le lycée Hassiba Ben Bouali à Kouba. La quasi-totalité des enseignants y ont boudé les classes. «L'administration nous dit que nous sommes plusieurs à être sous la menace de lourdes sanctions pour absence», témoigne une lycéenne de cet établissement. Sa collègue vraisemblablement mieux informée enchaîne: «il n'y a que certaines classes littéraires qui fonctionnent». Il en était ainsi au lycée Aicha à Hussein Dey. Là aussi, les professeurs ont consenti pleinement à l'appel du CLA et d'une partie du Cnapest. Un suivi partiel a été enregistré aux lycées El Mokrani 1 et 2 ainsi qu'à Zaâmoum. D'autres lycées, par contre, ont affiché une totale indifférence à cette protestation. El Idrissi sis à Belcourt en est un. Contrairement à leur pairs en grogne, les enseignants d'El Idrissi ont accompli leur mission comme si de rien n'était. Dès le matin, ils ont rejoint leur poste tant et si bien qu'il nous était même impossible de les approcher. «Ils sont tous en cours», nous déclare un agent de l'administration. Donc, c'est en rangs dispersés que le corps enseignant a marqué la première protestation de l'année scolaire en cours. Les donnes ont changé. Ceux qui ont choisi ce procédé l'ont fait parce qu'ils n'ont pas confiance en la tutelle. D'où la démarcation de l'une des figures de proue - M. Meziane Meriane - qui a été sous les sunlights de la scène médiatique lors de la grogne de l'année passée. Face ce climat teinté de suspicion, M.Benbouzid a appelé à soustraire la politique de l'école. Une autre manière de dénoncer le caractère politique du mouvement de ces deux derniers jours.. Quant aux lycéens, leur détresse est résumée par l'appel de cette jeune lycéenne de «Hassiba Ben Bouali» qui se demande: «Pourquoi c'est nous qui sommes toujours pénalisés par des luttes qui ne nous concernent en rien.»