La corruption a marqué l'opération d'établissement des listes électorales Il est difficile de trouver des candidats irréprochables aux législatives prochaines. L'influence grandissante de l'argent ou la domination de la «chkara», la montée de la contestation au niveau de la base, sont entre autres phénomènes qui ont marqué cette période pré-électorale. Les raisons de ces mécontentements sont claires: achat de signatures, parachutage et placement des proches en bonne position sur des listes électorales. Ces fléaux ne vont-ils pas participer à la décrédibilisation des législatives et à pousser les électeurs à bouder les urnes? Le risque est grand et de nombreux observateurs n'écartent pas le risque de dérapage. Sans être adhérents, ni sympathisants dans aucun parti politique, sans implication syndicale et associative, des candidats de tout bord, de tout horizon se sont imposés ou pu imposer leur proches en pole position sur des listes de différents partis politiques. Pire qu'en 2012, trouver des candidats irréprochables aux législatives prochaines c'est chercher une aiguille dans une botte de foin, de l'avis de certains observateurs. De ce fait, prises dans l'étau des listes controversées, les directions nationales des partis ne savent plus à quel saint se vouer pour démêler l'écheveau de la crise qui secoue leurs structures locales et régionales. Des scandales de corruption risquent d'imploser des partis politiques en lice pour les législatives. De hauts responsables politiques ont touché des pots-de-vin en contrepartie d'une position gagnante sur la liste électorale. La corruption a marqué l'opération d'établissement des listes électorales de plusieurs formations politiques. A ce rythme, la future APN sera illégitime et un produit de la fraude et de la corruption. Des candidats encombrants qui ont bataillé lors de leur mandat précédent pour des passeports diplomatiques, pour se rapprocher des cercles de décision et l'immunité parlementaire, et ayant refusé d'ouvrir des permanences dans leur circonscription, se retrouvent reconduits sur les listes de 2017. Le contexte socioéconomique très difficile durant lequel intervient ce scrutin, constitue également un facteur facilitant les dérapages. Interrogé à ce propos, le président de la Haute Instance indépendante de surveillance des élections(Hiise), Abdelwahab Derbal, a avoué qu'il a appris les scandales de corruption, achat de signatures à travers la presse nationale. Pour ce dernier il n'est pas question d'intervenir car aucun parti n'a saisi cette instance. Pour ce dernier, puisque la corruption est punie par le Code pénal, celui qui a des preuves doit les présenter à la justice. La Hiise ne joue pas le rôle de la justice, et puis, la législation algérienne criminalise la corruption d'autant plus que le ministre de la Justice a promis d'appliquer la loi à l'encontre de ceux qui recourront à l'achat des voix lors des législatives du 4 mai prochain. «Le ministre de la Justice a appelé le parquet à engager des actions judiciaires sans attendre des instructions», s'est-il contenté de répondre, sans toutefois éclairer sur le rôle de son instance. D'après certains observateurs, de tout temps, les puissances de l'argent ont eu le dernier mot pour faire choisir au peuple les représentants qu'elles veulent bien lui donner. Avec leurs sachets noirs, les riches soudoient aujourd'hui jusqu'aux leaders de grands partis politiques comme le FLN pour se tailler une place sur mesure de tête de liste d'abord, et plus tard, de chef de groupe parlementaire, de président de commission, voire même au-delà. Dans les autres partis, ça se passe de la même manière. L'inflation a aussi gagné l'entourage des décideurs. Qui place son frère, qui négocie un mandat pour un futur gendre et qui s'arrange à baliser la voie à un avenir incertain.