Depuis quelques mois, les «prises» se multiplient au niveau du port commercial de la wilaya. A l'instar d'autres wilayas de l'est du pays, Skikda arrive largement en tête des régions où le trafic lié à l'importation continue de faire florès. C'est ce que nous ont indiqué des sources proches de la direction du commerce. Celles-ci, se basant sur un récent rapport dressé par la Banque d'Algérie, avec l'aide de la direction des registres du commerce, expliquent que «sur les 171 importateurs recensés au niveau de la wilaya, pas moins de 123 sont déclarés non valides». Ces fameux 123 opérateurs, dont beaucoup activent toujours dans une relative impunité, sont classés sous deux appellations différentes qui sont, «Existence à confirmer» ou bien «Non localisé». Nos sources précisent également que la valeur des saisies opérées annuellement au port commercial de Skikda s'élèvent à plusieurs dizaines de milliards de dinars. Or, «cette valeur, pourtant importante, ne représente qu'une infime partie des produits qui réussissent à entrer dans le territoire national et à être écoulés de différentes manières». Il est, notamment, question de «fausses déclarations en douane, mais aussi diverses manières de camoufler les marchandises de contrebande au fond des containers». C'est pour cette raison que le port de Skikda, en train de devenir un des principaux pôles commerciaux de l'est du pays, notamment grâce à la présence, à proximité, de la plate-forme pétrochimique et de l'arrivée à Skikda de dizaines d'investisseurs étrangers, oeuvre à moderniser ses infrastructures de base et de contrôle. Il est, notamment, question de «réduire le délai d'attente en rade des navires en acquérant des grues de plus grande portée, de mieux assurer leur sécurité en se dotant de nouveaux remorqueurs, mais aussi de mieux maîtriser les contrôles, aussi bien sur le plan technologique qu'humain». L'infrastructure portuaire compte ainsi acquérir dans les plus brefs délais, auprès des sociétés françaises ODM, quatre remorqueurs. Elle doit également acheter chez Motor-Est des accessoires marins pour remorqueurs et enfin, un barrage flottant antipollution de 2000 mètres linéaires auprès d'«Aerazur». L'ensemble de ces acquisitions devant être conclues, croit-on savoir, avant la fin de ce semestre, visent aussi bien à sécuriser la navigation maritime à proximité de la wilaya, qu'à éviter les risques de marée noire en cas d'accident dans les pipes ou bien les navires qui accostent dans le port ou qui se livrent à des ballastages illégaux. Pour revenir au facteur humain, loin d'être en reste en effet, il est bon de rappeler que la lutte contre la fraude au niveau de la wilaya de Skikda a porté ses premiers fruits, il y a de cela quelques mois. C'est, en effet, sur la base d'un rapport dressé par une commission pluridisciplinaire, composée de cadres des douanes et du ministère des Finances, qui s'était déplacée à plusieurs reprises à Skikda dans le but d'enquêter sur des malversations, que le receveur des douanes ainsi que son responsable, le chef d'inspection divisionnaire, ont été suspendus. L'enquête suit toujours son cours. Nos sources refusent, pour le moment, de nous en dire plus puisque l'affaire en est encore au stade d'instruction. Une chose demeure sûre, pour le moment. Plusieurs «faux importateurs», qui y sont impliqués, ont déjà été convoqués par la justice, et risquent fort de se retrouver à la barre des accusés le jour de l'ouverture de ce procès, à grand retentissement médiatique.