Ramadhan ou pas Ramadhan on marche Tout comme vendredi dernier, les rangs de la foule n'ont pas cessé de grossir. Campus universitaire de Hasnaoua: il était quatorze heures hier vendredi, quand les centaines de personnes ont commencé à se regrouper dans cet endroit familier pour tous les manifestants de la région. Tout comme vendredi dernier, les rangs de la foule n'ont pas cessé de grossir. On a alors vu des milliers de manifestants transformer la rue qui jouxte ledit campus en une véritable marée humaine. Première remarque en ce douzième vendredi de la contestation populaire et pacifique: la gent féminine n'a pas été au rendez-vous comme ce fut le cas depuis notamment la marche du 8 mars dernier à Tizi Ouzou où le record de la présence féminine avait été battu. L'explication est évidente, la majorité des femmes se trouvait sans doute dans les cuisines, Ramadhan oblige, pour préparer le fameux ftour du soir. Mais ceci n'a pas vraiment beaucoup déteint sur l'ambiance générale de la marche. Les milliers de manifestants ont parcouru la rue Lamali-Ahmed, le boulevard Abane-Ramdane pour aboutir à la rue Larbi-Ben M'hidi qui donne sur le carrefour Matoub Lounès près de l'ancienne gare routière du centre-ville. C'est donc le périple habituel avec juste quelques ajustements des slogans scandés et de ceux inscrits sur les différentes banderoles dont était munie une bonne partie des manifestants qui ont caractérisé la marche d'hier. Il y est notamment revendiqué un jugement équitable de tous les membres de la «issaba». De même que le mot d'ordre concernant l'exigence du départ immédiat et sans condition aussi bien de Abdelkader Bensalah (président de l'Etat par intérim), de Noureddine Bedoui, Premier ministre et de toute son équipe gouvernementale a été le leitmotiv de la manifestation où les marcheurs ont aussi exigé des responsables au plus haut niveau de l'Etat de ne plus considérer l'Algérie comme leur propriété privée, mais comme une véritable République. Les manifestants de Tizi Ouzou ont également brandi des slogans où est exigée l'instauration d'une nouvelle République et d'un Etat de droit basé sur la justice sociale et l'égalité. L'un des nouveaux slogans ayant fait leur apparition, hier, et sans doute le plus original est: «Le peuple a observé le jeûne, mais pas le Hirak!» (Echaâb saim, le Hirak machi saïm). En sus de tous les slogans anciens et nouveaux mis en avant-hier par les manifestants, il reste que celui qui revenait le plus sur les lèvres des marcheurs qui le scandaient à tue-tête et en choeur, c'est le fameux «Système, dégage». Ce mot d'ordre reflète qu'au fond, le peuple aspire à un réel changement radical qui lui ferait oublier les dernières années, considérées par les Algériens des quatre coins du pays comme un cauchemar et une page noire à tourner définitivement.