L'institution militaire est la seule garante d'une issue politique négociée, elle est aujourd'hui l'arbitre auquel le contexte politique du pays impose cette tâche délicate et sensible. Plusieurs tentatives se font connaître ces derniers temps pour apporter des contributions visant la mise en place d'un mécanisme susceptible d'asseoir les jalons d'une issue politique crédible et consensuelle. La crise et l'impasse qui taraudent la scène politique nationale sont en train de prendre du temps sans pour autant que les solutions qui sont multiples et diverses de la part de la classe politique et les élites de la société soient prises au sérieux par les tenants du statu quo, qui semblent ne pas vouloir aller vers une issue et une solution négociée d'une manière qui relève d'un choix strictement politique. Les tenants du statu quo veulent maintenir le processus électoral qui a été enclenché sur la base de la Constitution en vigueur depuis 2016. Toute la dichotomie réside à ce niveau de solutions «inconciliables» du point de vue des revendications des uns et des autres. Les voix qui s'élèvent dans le sens du report de l'élection présidentielle du 4 juillet de l'année en cours sont majoritaires et trouvent leur soutien dans toutes les structures et les bases sociales de la société. Contrairement à eux, ceux qui font du maintien de la date de l'élection présidentielle intacte ne sont pas du tout nombreux et se heurtent à un rejet quasi unanime de toute la classe politique en général et du mouvement populaire en particulier. D'ailleurs en ce qui concerne le mouvement populaire, les choses sont scellées et non négociables, à ses yeux, la présidentielle est vue comme un prolongement du régime et de ses symboles, d'autant plus que ceux qui seront responsables de la gestion et de la préparation de cette joute, sont les figures qui ont contribué à la consécration de la pratique de la fraude et de la corruption politique en recourant au dopage des urnes dépouillant ainsi le processus électoral de toute sa transparence et de toute son intégrité. Les deux pistes qui s'affrontent, à savoir le maintien de la Constitution et le cadre constitutionnel dans la gestion de la situation politique y compris électorale, allusion faite à la présidentielle telle que prévue par les tenants du statu quo d'une part et aussi le rejet de l'élection en s'arc-boutant sur la solution politique tous azimuts d'autre part, sont antagoniques et en porte-à-faux par rapport à l'exigence d'un vrai changement politique visant la refonte de l'Etat et de ses institutions. Il est à signaler que la voie qui consiste à maintenir le processus électoral sur la base de ce que le système actuel a mis en place comme artifices juridiques, constitutionnels et politiques, est désormais obsolète de l'avis de la majorité du peuple qui ne veut plus entendre parler du système qui était la source de la crise et l'impasse qui menace le pays. Donc, pour ainsi dire, le maintien de la feuille de route visant à aller mordicus vers une élection présidentielle le 4 juillet, est une position qui aura à connaître un échec cuisant pour ceux qui essayent coûte que coûte de le promouvoir sans tenir compte de la nouvelle situation politique créée après le soulèvement historique de 22 février. La tendance générale tend du côté du rejet d'emblée de la participation à cette énième «mascarade» électorale parrainée et préparée par les figures du régime honni par la majorité du peuple. L'institution militaire est la seule garante d'une issue politique négociée, elle est aujourd'hui l'arbitre auquel le contexte politique du pays impose cette tâche délicate et sensible. L'armée avait usé de son poids pour exiger la démission de l'ex-président de la République et partant, elle a actionné l'article 102 de la Constitution visant à mettre en place un intérim, mais aussi entamer une élection présidentielle anticipée pour élire un nouveau président. Cette mesure n'a pas été la bienvenue de la part de la majorité du peuple qui voit dans cette démarche une espèce d'atteinte à l'élan populiare qui s'est soulevé pour que tout le système doit être changé et non pas continuer dans la même logique du système en adoptant les mêmes mécanismes et artifices. Tout le monde constate et observe le mouvement de mobilisation à répétition qui exprime une approche aux antipodes de celle de ceux qui veulent maintenir le processus tel qu'il était pendant des décennies par le système. La transition démocratique est une démarche partagée par la majorité de la classe politique et la société, cette démarche pourrait constituer une planche de salut pour un pays qui risque de sombrer dans le chaos à cause de ces attitudes attentistes qui ne serviront pas les institutions de l'Etat, bien au contraire, elles porteront préjudice au pays.