Une peine de dix ans de prison ferme par contumace, assortie d'une amende de 3 millions de dinars, a été requise, tard dans la nuit de lundi à mardi, par le procureur de la République près la chambre correctionnelle du tribunal de Bir Mourad Raïs, con-tre l'ancien directeur général du Fonds algéro-koweitien d'investissement (Faki), A. B.M et son épouse B.N. Ils sont accusés de “détournement de fonds publics et privés et blanchiment d'argent”. Actuellement en fuite à l'étranger, ils font l'objet d'un mandat d'arrêt international lancé par la justice algérienne. Selon l'acte d'accusation et le rapport d'expertise, l'ex-directeur du Fonds algéro-koweitien d'investissement aurait détourné et blanchi une somme totale de 30 millions de dollars, transférée vers des comptes bancaires au Luxembourg en se servant de comptes tiers et de sociétés-écrans. A.B.M. se serait servi de son poste au Faki pour transférer des fonds vers des comptes personnels, en son nom, ouverts à la Compagnie algérienne de banque (CAB, actuellement en faillite) et la Housing Bank, en Algérie, puis vers des comptes au Luxembourg, via des opérations complexes de «blanchiment», toujours selon l'accusation. Un vaste réseau d'hommes d'affaires, au nombre de 21 domiciliés à Alger et dans la région d'Oran, ont par ailleurs comparu lundi dernier. Il sont accusés de complicité avec les deux principaux protagonistes de l'affaire. Le procureur a requis contre deux d'entre eux, un employé de l'ex-DG et un économiste universitaire consultant du Faki, une peine de 7 ans d'emprisonnement ferme et 3 millions de dinars d'amende chacun. Une peine de deux ans de prison ferme ajoutée à une amende de 1 million de dinars à été demandée à l'encontre de chacun des cinq autres accusés. Le parquet a requis contre chacun des autres prévenus (14) deux ans de prison ferme et 500.000 DA d'amende. Lors des plaidoiries, une séance qui aura duré plus de 14 heures, les avocats des prévenus ont présenté leurs clients comme victimes d'un «escroc de haut vol». Ils ont insisté sur le facteur confiance qui liait leurs mandants à l'ex-directeur du Faki décrit comme un «homme respectable, diplômé de l'université américaine de Harvard» et «jouissant d'une réputation irréprochable d'expert financier en Algérie et à l'étranger». Quant au fond de l'accusation, les robes noires ont rejeté l'accusation de blanchiment d'argent, arguant que la loi sur le blanchiment d'argent est entrée en vigueur en février 2005, antérieurement aux faits jugés dans cette affaire, qui remontent à 2004. A noter que le parquet reproche à la plupart des accusés d'avoir reçu des crédits de la part du Faki, qui n'est pas un établissement bancaire habilité à prêter des fonds. Ces opérations auraient permis à A.B.M. de «maquiller» les comptes de cet établissement. Le Faki, toujours en activité, est une société par actions fondée en 1999 et détenue à 70% par l'Etat du Koweït et à 25% par l'Etat algérien. A.B.M., qui a la double nationalité, algérienne et luxembourgeoise, a été DG de cet établissement d'octobre 2001 jusqu'à l'éclatement de l'affaire en janvier 2005. Le verdict devra être rendu le 2 juillet prochain.