Un malheur n'arrive jamais seul et la région syrienne de Lattaquié a connu, hier, une énorme déflagration qui a fait au moins dix victimes, selon l'agence de presse Sana. L'explosion, due à un stock de munitions dans un entrepôt «incontrôlé», a entraîné la mort de trois femmes et d'un enfant parmi les victimes. L'agence officielle ajoute que 14 autres personnes ont été blessées dont 4 enfants dans ce sinistre intervenu au moment où un ferrailleur tentait de démonter les munitions de guerre non explosées dans un atelier. Le stock datait, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (Osdh) des débuts de la guerre civile. La région de Lattaquié ne s'était pas encore relevée des tueries intervenues quelques jours plus tôt, lorsque les forces de sécurité appuyées par des groupes rebelles venus en renfort du bastion d'Idlib, à la frontière avec la Turquie, avaient commis des massacres et des exécutions sommaires ayant coûté la vie à près de 1500 personnes, dont des femmes et des enfants. Dans cette région, la communauté musulmane alaouite dont est issu le président déchu Bachar al Assad, redoute de faire les frais de règlements de comptes, malgré les assurances formulées par le président par intérim, Ahmad al-Chareh quant à la volonté du nouveau régime de construire une Syrie apaisée, consensuelle et démocratique. Les estimations internationales chiffrent à plus d'un million le nombre des munitions explosives employées durant la guerre civile qui a duré 14 années et poussé plus de 5 millions de Syriens à l'exil. L'ONG Handicap international (HI) considère que 100 000 à 300 000 de ces munitions n'ont pas explosé et constituent de ce fait une grave menace pour la population. Les massacres qui ont endeuillé les villes côtières de la région alaouite n'ont pas encore livré tous leurs secrets, mais on sait déjà que les forces de police et les groupes armés alliés se sont livrés à des actes barbares dont les images ont été largement répertoriées sur les réseaux sociaux. Le président par intérim Ahmad al-Chareh a mis en place une commission d'enquête chargée de «faire toute la lumière» sur ces graves exactions et de désigner les responsables afin qu'ils répondent de leurs actes. En procédant à la cérémonie de signature de la nouvelle Déclaration constitutionnelle qui lui confère d'importants pouvoirs et fait de la jurisprudence islamique le socle des lois du pays, il a encore réaffirmé la volonté de son régime de faire de la Syrie un Etat démocratique et consensuel où toutes les communautés ethniques et cultuelles vivraient en paix. Une gageure qui a été aussitôt mise en doute par les Kurdes des FDS-YPG, alliés des Etats-Unis et maîtres de leur région autonome, riche en pétrole et voisine de l'Irak. Hier, la seconde ville du pays, Alep, a vu son aéroport prêt à reprendre du service dès demain, «après l'achèvement de tous les préparatifs techniques et administratifs». Celui de Damas a accueilli les vols internationaux en janvier dernier, soit moins d'un mois après la chute de Bachar al Assad.