«Ceux qui amplifient la menace terroriste contre l'Algérie ont des intérêts à défendre et veulent justifier l'idée de faire appel à la protection armée». Alger et Moscou accordent leurs violons dans la lutte antiterroriste. Une commission mixte a été installée entre la Russie et l'Algérie afin de mieux traiter, conjointement, le fléau et le placer en point de mire. L'ambassadeur de la Fédération de Russie à Alger, a voulu montrer qu'il n'est pas trop inquiet par rapport à la menace terroriste contre l'Algérie. «Je ne suis pas de ceux qui dramatisent les choses et amplifient le danger terroriste en Algérie», a déclaré le Dr Vladimir Titorenko. Il a, sur sa lancée, minimisé le degré de nuisance des groupes terroristes, estimant qu'il y a une nette amélioration de la situation sécuritaire en Algérie. Ce léger mieux est dû, d'après l'invité de L'Expression, aux efforts consentis par l'armée algérienne et la modernisation du matériel de lutte. «Ceux qui amplifient la menace terroriste contre l'Algérie ont des intérêts à défendre et veulent justifier l'idée de faire appel à la protection armée». Décidément, Son Excellence, l'ambassadeur déclare une guerre «secrète» aux Etats-Unis. L'Algérie et la Russie, à en croire le Dr Titorenko, oeuvrent également de concert dans le cadre d'une commission internationale contre le phénomène terroriste. Celle-ci est appelée à suggérer des solutions au fléau et se réunit périodiquement afin d'établir un diagnostic évaluatif. Les deux pays étaient livrés, des années durant, au même danger. Le cas tchétchène, pour la Fédération de Russie et les groupes intégristes, pour le cas algérien. La Russie, par la voix de son représentant diplomatique à Alger, prône une coordination internationale contre le terrorisme. Celle-ci devra se faire surtout à travers des échanges d'informations, affirme notre hôte. Le Dr Vladimir Titorenko ne reste pas indifférent face à la «tempête» américaine dite «guerre contre le terrorisme». Il s'interroge: le vrai terrorisme n'est-il pas en Irak et en Afghanistan? La réponse est simple. Il n'est pas nécessaire d'aller par mille chemins pour dire que «le terrorisme en Irak n'existait pas avant l'intervention injustifiée des Etats-Unis d'Amérique». L'ambassadeur russe à Alger a fait part de sa vive inquiétude quant à la tournure tragique des événements en Irak. Chose que les Américains ont tendance à qualifier de «terrorisme». Il est impératif, d'après l'invité de L'Expression, d'appeler un chat par son nom. Autrement dit, «faire le distinguo entre le terrorisme et la résistance contre une occupation illégitime». Cette approche s'inscrit dans la nouvelle stratégie russe qui, désormais, pointe son nez vers l'Orient, à commencer par le Proche-Orient. Faisant allusion à «la culpabilité américaine» dans la dérive irakienne, le Dr Vladimir Titorenko propose, en guise de solution, «le retrait pur et simple des USA de l'Irak» ajoutant que, «l'occupation de l'Irak est injustifiable et survenue sans l'accord des Nations unies». Ainsi, l'ambassadeur russe s'insère carrément dans une logique de confrontation anti-USA. Cette sortie, visiblement acerbe, explique les craintes que suscite le redéploiement de l'Otan dans les ex-pays de l'Est communiste et de la probable implantation de missiles antimissiles américains en Pologne et en République tchèque. La Fédération de Russie table-t-elle sur un rapprochement stratégique avec les pays de l'Orient, à commencer par l'Iran? Les calculs ne sont pas innocents.