«les détournements ne sont pas aussi effarants comme l'a raporté la presse», a indiqué le ministre. Le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Saïd Barkat minimise le montant des fonds détournés. «Le taux de tricherie est de l'ordre de 2,5%», a-t-il déclaré, tout à fait à l'aise, pas embarrassé. S'exprimant sur les sommes confisquées dans le cadre du programme Pndra, lors d'une séance de questions orales tenue jeudi au Sénat, M.Barkat n'était guère gêné. «Les détournements signalés n'ont pas dépassé la fourchette des 21 millions de dinars», a-t-il indiqué. Donnant plus de précisions, le ministre explique que les enquêtes menées ont démontré que «les fonds détournés sont de petites sommes variant entre 5 millions, 10 millions jusqu'à 20 millions de centimes», a estimé le ministre. En d'autres termes, fort heureusement il n'y a pas eu de détournement de sommes faramineuses. «Les détournements ne sont pas aussi effarants comme l'a rapporté la presse», a-t-il réitéré devant les sénateurs. En somme, pour M.Barkat ces fonds détournés, sont en quelque sorte acceptables. On a l'habitude. Cette déclaration fracassante qui émane d'un ministre de la République a suscité des interrogations dans les rangs du Sénat et parmi les observateurs. Y a-t-il une différence entre détourner une «petite somme» et une malversation? Logiquement aucune. Comme le dit si bien l'adage «qui vole un oeuf vole un boeuf». Loin s'en faut, le ministre garde le sourire et estime que les sommes détournées sont «insignifiantes». Cette somme peut paraître dérisoire eu égard au budget consacré par l'Etat au fameux plan du Pndra. Le financement du plan a coûté, rappelle-t-on, à l'Etat 284 milliards de dinars en sept ans. Dans le cadre des investigations du ministère de l'Agriculture, M.Barkat a affirmé que 145.000 coopératives ont été contrôlées. Le ministre n'a pas donné cependant des informations détaillées sur le nombre de personnes impliquées. «La commission de l'IGF, dit-il, poursuit son travail en collaboration avec le département de l'agriculture». L'affaire est actuellement en justice. Nul n'ignore que de nombreux scandales ont été révélés à travers différentes wilayas. Le dossier des détournements des fonds agricoles occupe cycliquement le devant de l'actualité nationale. D'ailleurs, l'ouverture d'une enquête sur cette affaire explique bien que des magouilles entourent le fonds de développement du secteur de l'agriculture. Dans le souci d'assurer la sécurité alimentaire, l'Etat n'a pas lésiné sur les moyens pour fournir de l'argent au département de M.Barkat. Voulant défendre son bilan, le ministre est revenu, par ailleurs, sur les réalisations du secteur. Précision oblige, le ministre a communiqué point par point les résultats de chaque filiale. En réponse à la question d'un sénateur sur la relance de l'activité de l'élevage, M.Barkat a assuré que l'Etat est «déterminé à faire avancer l'ensemble des programmes de lutte contre la désertification pour recouvrer près de 7 millions d'hectares de terres détériorées». Concernant la subvention au profit des éleveurs, M.Barkat dira que l'Office algérien professionnel des céréales a vendu aux éleveurs, à travers les coopératives et avec la coordination des chambres agricoles de wilaya 350.000 quintaux d'orge au prix de 1550 DA le quintal alors que le prix de revient est de 3700 DA. Le soutien des activités des éleveurs est désormais régi par un nouveau cadre prévu dans l'arrêté ministériel. Toutefois, le soutien à titre individuel n'a pas encore pris forme et ce, pour plusieurs raisons qui ne sont pas du ressort des services agricoles, a-t-il précisé.