«Il suffit d'un peu plus de considération de la part des éditeurs pour faire exploser et percer cet acte de liberté», a souligné la poétesse. Dans le cadre des activités du Café littéraire, Habiba Djahnine, une militante-poétesse itinérante (Béjaïa, Paris, Timimoune), a fait escale, vendredi dernier, à la petite salle du Théâtre régional Malek-Bouguermouh, pour raconter sa passion pour l'écriture poétique, affichant sans ambages, sa préférence pour les poèmes sur les romans. Elle est venue lire, dans une «qaâda chic et lyrique», ses textes poétiques, étaler ses sources d'inspiration, dire sa façon d'écrire des poèmes, et comment elle plonge dans l'absolu pour écrire et sculpter les mots. Ainsi, la poésie s'est imposée à elle, les poèmes viennent et vivent avec elle en mémoire. Le temps de sortir d'un seul jet et le temps de la transcription des vers est le moment le plus court avec son bonheur et ses douleurs. En effet, par une rupture avec l'ambiance monotone des soirées ramadhanesques, le Café littéraire de Béjaïa en collaboration avec le théâtre régional Malek-Bouguermouh de Béjaïa, marque sa rentrée par une qaâda poétique animée par Habiba Djahnine. Une figure emblématique de la vie, militante des causes justes, une féministe convaincue, en constante lutte pour l'émancipation, une cinéphile accro et cinéaste engagée, qui a fait découvrir à son entourage, ses camarades, ses copains et autres amis sa face dissimulée, Habiba la poétesse. Même si la mission de faire oublier à l'assistance son statut de militante, de cinéphile et de cinéaste avérée, Habiba Djahnine a su plonger l'assistance dans le monde lyrique de la poésie. «C'est vraiment un concours de circonstance ou plutôt un accident naturel d'être là ce soir, car pour moi, mes poèmes ont été pondus pour rester dans le tiroir. La poésie est quelque chose qui s'impose à soi. On ne la recherche pas. C'est une passion que j'ai gardée pour moi, si je ne l'ai pas fait partager avec vous, parce que c'est une chose que j'ai toujours considérée intime et personnelle», déclare Habiba à l'assistance. A la question sur l'influence de chacun de ses profils sur l'autre (militante, cinéaste et poétesse), dans sa vie quotidienne et professionnelle, Habiba n'a pas allée avec le dos de la cuillère pour répondre, avec la même clarté et objectivité: «Pour moi, la poésie a toujours vécu avec moi, elle s'est vraiment imposée en moi. Je dirais que c'est complémentaire, mais chaque domaine à sa réflexion et son énergie. Je reste toujours militante pas comme avant certainement, mais je suis présente sur le terrain des luttes d'une autre manière.» Elle souligne que la poésie n'a pas été un refuge pour se cacher ni un moyen de lutte. «La poésie, c'est d'abord et avant tout un acte de liberté pour moi, je n'ai pas besoin de vers pour dénoncer, je continue de militer ailleurs et dans d'autres créneaux et avec d'autres moyens. La poésie militante je ne l'ai pas acceptée et je ne l'accepte pas». Par ailleurs, la passionnée de sculpture des mots, n'a pas omis de souligner avec beaucoup de conviction, la présence en force de la poésie en Algérie bien plus qu'ailleurs, avec ses différents supports linguistiques. Pour Habiba Djahnine, «il suffit de réserver plus de considération de la part des éditeurs pour faire exploser et percer cet acte de liberté».