Les cours du brut ont terminé la semaine au petit trot, comme à l'entraînement. Le baril de «Light Sweet Crude» a affiché, vendredi, 76,60 dollars en fin d'échanges européens. Mercredi 18 novembre, alors que les analystes attendaient le rapport hebdomadaire du Doe, le département américain de l'Energie, qui devait les renseigner sur l'état des réserves de brut aux Etats-Unis, le regard des Algériens étaient braqués sur Khartoum où l'Equipe nationale de football affrontait celle d'Egypte dans une troisième manche décisive de qualification pour le Mondial sud-africain. Les chiffres tombent. Ils indiquent une diminution des stocks de l'ordre de 900.000 barils pour le brut et de 1,7 million de barils pour ceux concernant l'essence. Dans la foulée de cette nouvelle, conséquence du passage de l'ouragan Ida sur le golfe du Mexique où se trouvent des installations pétrolières qui couvrent 25% de la production américaine, le baril de pétrole affiche une hausse pour la troisième séance consécutive, à New York. Le «Light Sweet Crude» pour livraison en décembre frôle la barre des 80 dollars. Il termine à 79, 58 dollars. Un peu comme pour s'inviter à la gigantesque fête qui se prépare. Pratiquement à la même heure débute l'événement sportif planétaire tant attendu par les 35 millions d'Algériens dont l'économie dépend à 98% des exportations en hydrocarbures. Quelques heures après, les clameurs monteront de la capitale soudanaise non pour souligner la performance du baril de pétrole mais pour accueillir la victoire acquise au forceps, dans la douleur, et de haute lutte par un Onze algérien héroïque. Le football venait d'éclipser la bonne tenue des cours de l'or noir. Khartoum, reine d'un jour, prenait l'ascendant sur l'une des plus importantes places financières de la planète: New York. Alger est en liesse, elle exulte. Le Caire pleure. Les analystes quant à eux ne perdent pas le nord et continuent de commenter ce nouveau rebond des prix du pétrole et les causes qui ont perturbé la production aux Etats-Unis. «La réduction appréciable des excès de stocks de brut se poursuit», ont souligné les analystes de Barclays Capital. Plus réservé, Andy Lipow, de Lipow Oil Associates, pense que «les chiffres du DoE ont montré une baisse des stocks, mais c'est vraiment en raison du passage de l'ouragan Ida de la semaine dernière, qui a retardé les livraisons de brut dans le golfe (du Mexique) et perturbé la production». Les réserves de pétrole pourraient, selon lui, connaître un rebond dans les semaines à venir. Est-ce pour autant un élément suffisant pour croire à un recul des prix du pétrole? «Les stocks sont importants, la demande est toujours faible et le chômage élevé. La demande va certainement se reprendre...et la conséquence sera des prix à des niveaux susceptibles de menacer la reprise», estime Mike Fitzpatrick, de MF Global. Dès le lendemain, jeudi, les prix du pétrole ont accusé un repli significatif de plus de deux dollars, suite à un regain de la devise américaine et sur fond de baisse des marchés d'actions. Sur le New York Mercantile Exchange, le baril de «Light Sweet Crude» pour livraison en décembre a clôturé à 77,46 dollars, soit une baisse de 2,12 dollars par rapport à la journée de mercredi. «Les places boursières ont emmené le marché pétrolier à la baisse», a expliqué l'analyste indépendant Elis Eckland. «La monnaie américaine est l'un des principaux facteurs d'évolution, et va rester très important alors que l'on se rapproche de la fin de l'année. Le dollar a tendance à montrer une certaine faiblesse saisonnière en décembre», a relevé Adam Sieminski, de Deutsche Bank. En attendant cette échéance, le billet vert continuait sa remontée face à la monnaie unique européenne. Vendredi, il s'échangeait à 1,487dollar contre 1 euro. Toutes ces turbulences associées aux doutes persistants sur la solidité de la reprise de l'économie mondiale ont fait chuter de quelques cents les prix du brut. Le baril de «Light Sweet Crude» a clos la semaine à 76,60 dollars. En se maintenant à un niveau appréciable, les cours de l'or noir se sont tout de même invités sans trop se faire remarquer à la fête qui a couronné la victoire des héros de Khartoum.